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jeudi 30 avril 2015

Chrétiens d'Orient

Chrétiens d'Orient

Alors que nos frères chrétiens font l'objet de persécutions de plus en plus prononcées, il n'est aps inutile de rappeler l'action de l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem, qui aide moralement et financièrement à ceux de Terre Sainte. L'on pourra lire à ce sujet mon ouvrage sur l'Ordre. Cet ouvrage, abondamment illustré, décrit la présence des chrétiens en Terre Sainte, l'action de l'Ordre du Saint-Sépulcre pour ocnforter la présence chrétienne, le Saint-Sépulcre, l'histoire de l'Ordre, sa spiritualité, sa structure, sa présence en France.

mercredi 29 avril 2015

Le Psaume 2 (4)

Le Psaume 2 (4)/h4> Qui pourrait développer, qui pourrait célébrer dignement combien nous sommes redevables à la Passion du Sauveur, qui a versé son sang pour la rémission des péchés ? Toutefois ces biens immenses ont eu pour instrument la malice du démon, la malice des Juifs, la malice, du traître Judas. Et ce n'est pas à eux qu'on doit rendre hommage du bien que Dieu, et non pas eux, a voulu par eux faire aux hommes ; au contraire ils sont justement tourmentés pour avoir voulu leur nuire. Si ce fait que nous citons prouve avec éclat comment Dieu a fait servir à notre rédemption et à notre salut les crimes mêmes des juifs et du traître Judas » (st Augustin, Sermo 214, 3, Explication du Symbole 3).(lire la suite) Alors nous comprenons que « celui qui trône dans les cieux, le Seigneur, se moque d’eux » (Psaume 2, 4). Il se gausse d’eux parce qu’il les a roulés dans la farine, et ils ne s’en sont pas encore rendu compte. Il se rit d’eux parce que toutes leurs entreprises sont vouées à l’échec, malgré des succès apparents, parfois spectaculaires, mais qui ne sortent pas du cadre de notre univers limité et matériel. Il s’amuse, car il se sert d’eux volens nolens, réorientant toujours tout, au moins in extremis, de sorte que les actions des hommes coopèrent à l’accomplissement de sa Volonté. « Celui qui trône dans les cieux se rit, le Seigneur se moque d’eux » (Psaume 2, 4), et il a tout lieu de le faire. Celui qui est assis sur le trône a « l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine, et un arc-en-ciel à l’entour du trône avait l’aspect de l’émeraude » (Apocalypse 4, 3). Et voici que « du trône partaient des éclairs, des voix et des coups de tonnerre » (Apocalypse 4, 5). Et « autour du trône », du trône principal, celui de l’Agneau sans tache, « étaient vingt-quatre trônes, et sur ces trônes étaient assis vingt-quatre vieillards » (Apocalypse 4, 4), représentant les deux Alliances, l’Ancienne et la Nouvelle, éternellement réunies pour chanter la gloire de Dieu. « Les vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant Celui qui est assis sur le trône et adorèrent Celui qui vit pour les siècles des siècles, et jettent leurs couronnes devant le trône, en disant : ‘Tu es digne, notre Seigneur et notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance, car c’est toi qui as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles ont l’existence et ont été créées’ » (Apocalypse 4, 10-11). Or, c’est ce que refusent de faire les puissants de la terre qui, suprême folie, « tiennent conseil ensemble contre le Seigneur et contre son Oint » (Psaume 2, 2). « Mais toi, Seigneur, tu te ris d’eux, tu te moques de toutes les nations » (Psaume 59, 9), qui ne subsistent que par toi et qui, sans toi, ne seraient rien et auraient depuis longtemps disparu de la surface de notre globe, comme Sodome et Gomorrhe rayées définitivement de la carte pour leurs forfaits ignobles. « Tu te moques des rois, et les princes sont ta risée ; tu te ris de toutes les forteresses, tu entasses la poussière et tu les prends », constate le prophète (Habacuc 1, 10). Elles s’effondrent sans coup férir, comme jadis les murailles de Jéricho au son des trompettes du peuple élu… (à suivre…)

mardi 28 avril 2015

Dictionnaire encyclopédique de Marie

Dictionnaire encyclopédique de Marie

Vous pouvez écouter une présentation sur Radio Espérance. Vous trouverez également deux pages dans le numéro de Famille chrétienne du 2 au 8 mai 2015. Rappel

lundi 27 avril 2015

Le Psaume 2 (3)

Le Psaume 2 (3)

Nous ne pouvons pas oublier que le mal est présent parmi nous depuis les origines de l’humanité. « C’est un ennemi qui a fait cela », dit le Seigneur (Matthieu 13, 28). Parce qu’il est très actif dans la société cet ennemi de Dieu, ayant cependant échoué à anéantir l’Enfant mis au monde par la Femme, « il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui » (Apocalypse 12, 9), et, « plein de fureur comme la Femme, s’en alla faire la guerre contre les autres de ses descendants, contre ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui détiennent le témoignage de Jésus » (Apocalypse 12, 17), dont le front est marqué du sceau de Dieu (cf. Apocalypse 7, 3). Il a ses anges avec lui, et ses anges (lire la suite) – les puissances démoniaques – sont légion (cf. Marc 5, 9). Dans notre univers, ils occupent les places bien en vue, ils détiennent le pouvoir et les richesses, car le démon déclare que toute domination dans les royaumes de la terre lui a été remise et, ajoute-t-il, « je puis la donner à qui je veux » (Luc 4, 6). Ils sont adulés par les hommes. Ceci explique que « les rois de la terre se soulèvent et [que] les princes tiennent conseil ensemble contre le Seigneur et contre son Oint » (Psaume 2, 2), dont ils pensent n’avoir rien à attendre. Or, si « Hérode et Ponce Pilate se sont ligués dans cette cité avec les princes et les gens d’Israël contre ton Saint serviteur Jésus que tu avais oint : ils accomplissaient ce que tu avais souverainement et volontairement décidé par avance » (Actes 4, 27-28). Il en va de même avec les nouveaux Hérode et les nouveaux Ponce Pilate de notre temps, comme de toutes les époques. Ils ne peuvent faire que ce que Dieu les autorise à faire et, de toute façon, à leurs dépens, ils contribuent inconsciemment à l’accomplissement des plans de Dieu. C’est ce que saint Augustin exprime en termes généraux, quand il dit que « si les impies agissent souvent à l'encontre de la volonté divine, qu'ils n'en concluent pas que Dieu n'est point tout-puissant. S'ils font ce qu'il ne veut pas, lui fait d'eux ce qu'il veut, et jamais ils ne changent ni ne maîtrisent la volonté du Tout-Puissant [car, souvenons-nous-en, « il n’est pas d’autorité qui ne vienne de Dieu », Romains 13, 1, donc y compris celle des tyrans, des despotes en tous genres] ; toujours cette volonté s'accomplit, soit dans la juste condamnation, soit dans la délivrance miséricordieuse de l'homme. Ainsi rien n'est impossible au Tout-Puissant, que ce qu'il ne veut pas. Il fait servir les méchants, non pas aux desseins de leur volonté dépravée, mais aux vues de sa volonté toujours droite. De même que les méchants font un usage mauvais de leur nature bonne, c'est-à-dire de ce que Dieu a fait bon [cf. Genèse 1, 31], ainsi la Bonté divine fait un bon usage de leurs œuvres perverses, et sous aucun rapport la volonté du Tout-Puissant n'a le dessous. S'il n'avait dans sa bonté même le moyen de faire servir les méchants à la justice et au bien, il ne les laisserait assurément ni naître ni vivre. […] (à suivre…)

samedi 25 avril 2015

Le Psaume 2 (2)

Le Psaume 2 (2)

Saint Grégoire de Nysse ajoute encore que « le Psaume 1 détourne l’homme de la parenté qu’il a contractée avec le mal ; le Psaume 2 montre à qui il faut s’attacher : il place devant nos yeux le Christ manifesté dans la chair, et nous enseigne que lui donner notre foi sera notre béatitude » (tractatus 2 super Psalmos, c. 11). L’auteur sacré commence ce psaume en se posant une question, qui nous interpelle encore de nos jours : Quare fremuerunt gentes ? « Pourquoi les nations s’agitent-elles en tumulte et les peuples méditent-ils de vains projets ? » (Psaume 2, 1). Pour Origène,(lire la suite) les nations en question sont les païens tandis que les peuples sont les Juifs qui n’ont pas reçu le Christ. La question resurgit du fond des âges, comme un motif lancinant. Car il semble bien que rien ne puisse arrêter les puissants de la terre de semer à profusion la graine de la zizanie dans le champ du monde (cf. Matthieu 13, 24-30-34-43), de se dresser avec toute leur superbe contre Dieu. Soulignant qu’un Sauveur vient aux hommes, Origène se demande pourquoi, alors, le tumulte des nations ? Et pourquoi le peuple juif qui connaît la Loi entreprend-il de vains efforts contre Lui ? Pourquoi rejette-t-il son Messie, qu’il attend pourtant avec tant d’impatience, dont il implore la venue depuis des générations et des générations ? Et tous les rois de la terre, toujours en querelle entre eux, s’entendent contre lui dans une concorde malhonnête. Ils ne savaient pas que leur impiété s’exerçait contre le Christ et Dieu, ils ne se rendaient pas réellement compte de ce qu’ils faisaient (cf. Luc 23, 34)… En tout cas, tout ce qui est dit ici ne convient qu’au Christ, qui seul a rempli de son Nom toute la terre, le seul par lequel nous puissions être sauvés (cf. Actes 4, 12). Le prophète annonce l’avènement du Christ et, selon Eusèbe de Césarée, explique comment il se fera que le Christ soit poursuivi par les intrigues des Juifs : Alors que le Psaume 1 annonçait la béatitude d’un seul, le Christ, le Psaume 2 appelle toute la multitude à la béatitude. Il annonce la vocation des gentils et invite au salut tous les royaumes de la terre. Il prophétise que tous ces biens viendront par le Christ. Après nous avoir expliqué les deux voies, le psalmiste déclare : C’est par la foi en lui, que tous les hommes entreront dans la voie du salut. « Tous les hommes de tous les peuples du levant au couchant sont appelés à Dieu. le culte des Juifs est interrompu et aboli, et les peuples honorent Dieu non plus suivant la Loi de Moïse, mais d’après les règles de l’alliance évangélique » (Eusèbe de Césarée, Démonstration évangélique 6, 4). (à suivre…)

jeudi 23 avril 2015

Le Psaume 2 (1)

Le Psaume 2 (1)

Je commence aujourd'hui un commentaire au psaume deuxième, un psaume messianique qui annonce la filiation divine du chrétien. Le psaume 2 annonce le triomphe du Messie sur les nations. Il ne se comprend bien qu'à partir du psaume premier sur le bonheur des justes et le malheur des impies, dans lequel nous lisons les avertissements suivants : « Heureux l’homme qui ne marche pas selon les desseins des méchants, et qui ne s’engage pas sur la voie des pécheurs, (lire la suite) ni ne s’assied dans la société des moqueurs, mais qui prend son plaisir dans la loi du Seigneur et médite sa loi jour et nuit » (Psaume 1, 1-2). Promesse de félicité qui est reprise au psaume 119 (1-2) : « Heureux ceux qui suivent une voie irréprochable, qui marchent selon la loi du Seigneur ! Heureux ceux qui gardent ses ordonnances, qui le cherchent de tout leur cœur. » Ils sont « comme un arbre planté près d’un cours d’eau, qui donne du fruit en son temps, et dont le feuillage ne flétrit pas » (Psaume 2, 3). En revanche, « les méchants ne resteront pas debout lors du jugement, ni les pécheurs dans l’assemblée des jutes. […] la voie des pécheurs va à la ruine » (Psaume 1, 6). Dans le Tractatus 2 super Psalmos, c. 8, saint Grégoire de Nysse explicite bien ce rapport entre les deux premiers psaumes : « Le psaume 1, y écrit-il, est comme une introduction à la philosophie spirituelle. Il nous persuade de quitter le Mauvais et de nous rapprocher du Bon, et de tendre de toutes nos forces à la ressemblance de Dieu. Le psaume 1 est pour ainsi dire l’introduction du psaume 2. en proclamant la première ‘Béatitude’, il nous invite à quitter ‘l’impiété’ ; et le psaume 2 va nous apprendre comment viendra la délivrance : il annonce le Mystère évangélique ; il prophétise la Nativité selon la chair de Celui qui, pour nous, est né ‘aujourd’hui’ (car cet ‘aujourd’hui’ est une fraction du temps), de Celui qui, toujours, est le Fils né du Père, qui toujours est Dieu, qui toujours est dans le Père. Le psaume 2 annonce le règne du Christ et son empire sur les hommes qui auparavant n’étaient pas soumis à sa Loi, qui ne servaient pas Dieu, et par conséquent étaient comptés parmi les nations, comme indépendants de Dieu, et hors-la-Loi. Disons plutôt qu’ils étaient injustes, parce qu’ils n’avaient pas reçu la Loi de Dieu mais rejetaient son joug. Le joug est ici le précepte. Appelés, eux aussi, au Royaume qui domine tous les royaumes, ces hommes qui vivaient jadis sans Dieu deviennent héritiers de Dieu, par la foi en Celui qui a été engendré aujourd’hui et consacré Roi pour régner sur eux. Ils sont re-nés, ils sont devenus rois, eux aussi. Par sa ‘verge de fer’, c’est-à-dire par sa puissance invincible, il brise en deux ce qui est terre et boue, et les fait passer à la nature incorruptible. » (à suivre…)

mercredi 22 avril 2015

Valeur de la vie

Valeur de la vie

Nous pouvons appliquer au pape François ces mots de son prédécesseur, sur le sens de la vie et sur sa protection : La vie est le temps qui nous est accordé pour mettre en acte les richesses en puissance que chacun porte en soi et contribuer au progrès commun de l’humanité. La vie est le temps qui nous est donné pour incarner en nous et dans l’histoire les valeurs d’amour, de bonté, de joie, de justice, de paix auxquelles le cœur humain aspire. // Puis, à la lumière de la foi, la vie est un temps de grâce (le Kairos) durant lequel Dieu met l’être humain à l’épreuve pour juger de son cœur et de son esprit dans son engagement quotidien de croire, d’espérer et d’aimer. Temps de grâce où chacun est appelé à s’enrichir – en se donnant – de valeurs durables pour l’éternité qui sera marquée à jamais par la dimension de l’amour que nous aurons réussi à exprimer ici-bas. La vie est donc un bien précieux, dans son ensemble et dans chacun de ses fragments. Qui dépense ses propres énergies pour la défendre pour lui rendre sa normale efficience, pour promouvoir son plein développement, a droit à la reconnaissance de tous ses semblables. Par contre, se souille d’un crime abominable et s’expose à la condamnation sévère de ce juge implacable qu’est la conscience, miroir de Dieu, quiconque ose attenter à la vie à n’importe quel moment. Jean-Paul II, Discours à l’hôpital Regina Margherita, 20 décembre 1981, n° 4.

lundi 20 avril 2015

Evêque et famille

Evêque et famille

En cette année de préparation au Synode sur la famille, il peut être utile de relire ces mots adressés par saint Jean-Paul II à des évêques des Etats-Unis, voici plus de trente ans, et qui gardent toute leur actualité : L’évêque, précisément parce qu’il compatit et qu’il comprend la faiblesse de l’humanité et le fait que les besoins et les aspirations de celle-ci ne peuvent être pleinement satisfaits par la pleine vérité de la création et de la rédemption, proclamera sans crainte ou ambigüité les nombreuses vérités controversées à notre époque. (lire la suite) Il les proclamera avec amour pastoral, dans des termes qui n’offenseront ou n’aliéneront jamais inutilement ses auditeurs, mais il les proclamera clairement parce qu’il connaît la qualité libératrice de la vérité. C’est pourquoi l’évêque qui fait preuve de miséricorde proclame l’indissolubilité du mariage… L’évêque plein de miséricorde proclamera l’incompatibilité entre les relations sexuelles avant le mariage ou l’activité homosexuelle, et le dessin de Dieu sur l’amour humain ; en même temps il essaiera de toutes ses forces d’assister ceux qui sont aux prises avec de difficiles choix moraux. Avec une égale miséricorde, il proclamera la doctrine d’Humanæ vitæ et de Familiaris consortio dans toute sa beauté, sans passer sous silence la vérité impopulaire que le contrôle artificiel des naissances va à l’encontre de la loi de Dieu. Il plaidera en faveur des droits de l’enfant à naître, des faibles, des handicapés, des pauvres et des personnes âgées, sans s’occuper de la manière dont l’opinion publique actuelle regarde ces questions. Avec humilité personnelle et avez zèle pastoral, l’évêque s’efforcera de discerner, non pas seul mais en union avec l’épiscopat universel, les signes des temps et leur véritable application au monde moderne [c’est-à-dire contemporain]. Avec ses frères évêques, il travaillera à assurer la participation de chaque catégorie d’hommes à la vie et à la mission de l’Église, en accord avec la vérité de leur vocation. Ce zèle se traduira par le soutien apporté à la dignité des femmes et à toutes les libertés légitimes qui sont conformes à la nature humaine et à leur féminité. L’évêque est appel à s’opposer à toute discrimination de la femme pour des raisons de sexe. À ce sujet, il doit également s’efforcer d’expliquer, avec toute la vigueur possible, que la doctrine de l’Église sur l’exclusion des femmes de l’ordination sacerdotale est étrangère au problème de la discrimination, et qu’elle est plutôt liée au dessin du Christ lui-même sur son sacerdoce. Jean-Paul II, Allocution aux évêques des États-Unis en visite « ad limina », 5 septembre 1983, n° 3.

samedi 18 avril 2015

Déclin de la religion

Déclin de la religion

L'analyse de P. Bouyer s'applique parfaitement à la situation dans laquelle se trouvent les pays occidentaux : "Tant qu’une civilisation se développe d’une manière qui demeure créatrice, la religion s’y développe en elle. Quand la religion décline, c’est, régulièrement, que cette civilisation commence à vivre sur son acquis, sur sa lancée. Elle peut sembler alors, pour un regard superficiel, à son apogée. Elle peut paraître se développer encore. En fait, elle se décompose, et c’est parce qu’elle se décompose que la religion décline" L. Bouyer, Initiation chrétienne, Paris, Plon, 1958, p. 25

mercredi 15 avril 2015

Une guérison à Lourdes

Une guérison à Lourdes

[Ma mère a été témoin actif de la guérison d’une jeune femme, Marie Chanal, née le 22 mars 1905, à Champis, en Ardèche. Ses parents s’étaient fixés, en 1919, à Montvendre, dans la Drôme, à proximité de la propriété de ma famille. Marie Chanal « souffrait depuis 1923 de graves accidents abdominaux qui l’avaient conduite, cette année, aux portes de la mort. Opérée en 1923 pour cholécystite aiguë, en 1924 pour appendicite [qui permet de constater l’extension des phénomènes de péritonite plastique], elle avait depuis lors des douleurs atroces et des vomissements perpétuels empêchant toute alimentation solide » (La Croix de la Drôme, 11 août 1929). Tous les traitements entrepris : diathermie, vaccination colibacillaire, sérothérapie, rayons ultra-violets, n’y font rien. Le 30 juillet 1929 au soir, elle ne pesait que 31,100 kilos. Elle part pour Lourdes, le 28 juillet 1929. Voici le récit de sa guérison, dans une brochure de 16 pages publiée par l’Action Catholique Drômoise sous le titre « Une ‘Impressionnante Guérison’ à Lourdes, le 30 juillet 1929 »] (lire la suite) Au départ de Valence, Mademoiselle Chanal, étendue sur son étroit matelas, inspire vraiment une profonde pitié et de vives inquiétudes sur l’issue de ce voyage ! Très pâle, les yeux presque toujours fermés, elle souffre de pénibles nausées ; et déjà, en gare de Valence, il fallut lui donner à respirer presque continuellement des flacons de sel. Le voyage est très pénible, mais jamais elle ne se plaint. Le soir, malgré une soif ardente, elle ne prend qu’un peu d’eau minérale, craignant de souffrir davantage. Vers une heure du matin, se sentant très faible, elle demande une piqûre d’huile camphrée, remède dont elle use souvent de puis quelque temps [la piqûre est faite par ma mère]. Toute la longue nuit passe sans qu’elle dorme un instant. Le matin elle prend encore deux fois un peu d’eau minérale et c’est tout. Son chapelet ne la quitte pas, en pensée elle est déjà à la Grotte. La nuit qui suit son arrivée à Lourdes est mauvaise aussi ; très fatiguée de sa journée, elle ne dort presque pas, et il faut lui faire une seconde piqûre d’huile camphrée vers cinq heures du matin [elle aussi faite par ma mère]. Après la messe, comme elle est devant la Grotte, attendant son tour pour passer aux piscines, elle souffre beaucoup et trouve l’attente bien longue… mais laissons-lui le soin de nous raconter elle-même ce qui va se passe. La matinée du 30 juillet Dans la matinée du 30 juillet, on me conduisit, vers sept heures, devant la Grotte. Là, pendant près de deux heures, je suis restée à prier aux pieds de Notre-Dame de Lourdes, lui offrant toutes mes souffrances et lui demandant de me bénir. À ce moment, j’ai éprouvé un bien-être passager, mais il est bientôt suivi de douleurs plus violentes que jamais, si bien que je m’écris : « Ma bonne Mère, prenez-moi par la main, ayez pitié de moi. » Je me sentais alors attirée vers la piscine où des brancardiers me conduisirent aussitôt. Je souffrais tellement que je ne me rendais pas compte de ce qui se passait autour de moi, j’avais complètement perdu connaissance… Au sortir de la piscine, je me suis retrouvée assise sur ma civière, éprouvant un grand bien-être et une envie de manger extraordinaire. Mon premier mot fut : « Ma bonne Mère, merci ! » [Ajout rectificatif manuscrit de ma mère, à « mon premier mot » : « J’ai faim. »] Je pus quitter ma civière et m’habiller debout. Mais, par obéissance, il me fallut à nouveau me coucher sur mon brancard jusqu’à l’hôpital. Là, j’avais la joie de trouver mon père qui m’avait accompagnée : l’émotion nous fit fondre en larme tous les deux. Bientôt après, on m’apportait à manger et, moi qui depuis si longtemps [note : « 2 ans »] n’avait pu prendre aucun aliment solide, je fis mon premier repas, très substantiel, avec un merveilleux appétit et sans aucune fatigue. Mon Dieu ! que je trouvais le pain bon ! [La brochure sur cette guérison raconte le voyage de retour] Le voyage de retour ne ressemble en rien à celui de l'aller… elle escalade presque toute seule le wagon. Plus de matelas, il était allé adoucir les cahots de la route à un autre malade [précision de ma mère : « une, au féminin]. Avant la nuit elle circule dans le wagon disant bonsoir aux autres malades ; elle fut la première à dîner de son bel appétit retrouvé ; le matin à cinq heures, au lieu d’une piqûre, c’est son déjeuner qu’elle réclame ! Elle chante le Magnificat avec nous et nous quitte sur ces mots : « L’année prochaine, je ferai comme vous, je reviendrai à Lourdes… mais comme infirmière. » L’ayant revue plusieurs fois depuis le 3 août 1929, les médecins assistent à une reprise progressive, avec une extrême régularité, de l’état général et ne trouvent plus aucune zone douloureuse abdominale. [Un tableau de la reprise de poids qu’elle passe le 31 juillet à 32,5 kg, le 1er août à 33,2 kg, pour atteindre 57 kg le 31 décembre. La brochure relate aussi une visite à Melle Chanal, à laquelle ma mère a participé. Nous y lisons in fine que] Marie, dès son retour de Lourdes, a repris, à la ferme, sa place de jadis. Elle se livre sans effort à tous les soins du ménage. À elle, tout le souci de la cuisine, les travaux de couture et, quand il le faut, les courses à Valence qu’elle fait maintenant à bicyclette. [Ma mère ajoute une précision : « Environ deux ans après sa guérison elle est entrée chez les religieuses Trinitaires à Valence, où je suis allée la voir. Superbe santé et rayonnement. Elle a été plus tard chargée du soin des malades »].

mercredi 8 avril 2015

Avortement et bouddhisme

Avortement et bouddhisme

Près de ma clinique, à flanc de colline, il y a un temple bouddhiste. Il n’est pas aussi connu des touristes qui visitent Kyoto, que le sont les temples des Fragrances de l’Ouest, le Pavillon Doré ou le temple du Dragon Tranquille, avec leurs fameux « jardins secs ». celui-ci est très simple. Il faut prendre un sentier large, arriver dans une sorte de jardin où l’on vénère une déesse entourée de centaines de statuettes qui représentent les enfants violemment arrachés au sein de leur mère par un avortement. Selon la croyance bouddhiste, ces enfants errent près du fleuve qui sépare la terre des vivants de celle des morts, en attendant que quelqu’un les aide à traverser. Beaucoup de femmes, jeunes ou moins jeunes, viennent au temple et, par leur prière, elles cherchent à être délivrées du traumatisme psychique et de la déchirure intérieure d’avoir fait le choix de l’avortement. À l’entrée, il y a un écriteau bouddhiste qui leur rappelle qu’elles doivent demander pardon et prier pour l’enfant auquel elles ont refusé la possibilité de vivre Shoji Tateishi, « Pro life et pro love », Les cerisiers en fleur. L’expansion apostolique de l’Opus Dei au Japon, Bois-Colombes, Le Laurier, 2104, p. 141.

lundi 6 avril 2015

Marie, la Tour

Marie, la Tour

Le qualificatif de « Tour » a été attribué à la bienheureuse Vierge Marie par les théologiens et les auteurs spirituels au long des siècles. Nous le retrouvons à deux reprises dans les litanies de Lorette. Elle y est dite Turris Davidica, Tour de David, parce que celui qu’elle a porté dans son sein est, conformément à ce que les prophètes ont annoncé, descendant de David et le nouveau David, qui « sauvera Israël, son peuple de ses péchés » (cf. Matthieu 1, 21). David enleva la forteresse qui dominait Jérusalem et la fortifia. Marie est comme cette tour à laquelle « étaient suspendus mille boucliers » (Cantique des cantiques 4, 4), permettant de repousser tous les assauts du démon. C'est la « tour inexpugnable à l'ennemi et de laquelle pendent mille boucliers et toute l'armure des forts » (Pie IX, bulle Ineffabilis Deus, 8 décembre 1854). (lire la suite) Les litanies se réfèrent aussi à elle en tant que Turris eburnea, Tour d’ivoire. L'ivoire est une matière si précieuse qu'elle évoque la pureté, dont Marie est le parangon. Marie immaculée a la blancheur de l'ivoire et, comme l'ivoire est l'emblème de la force, elle nous protège contre les tentations. « Ton cou est comme une tour d’ivoire » (Cantique 7, 5). Oui, c’est à bon droit que l’archange saint Gabriel a salué Marie comme « la pleine de grâce » (Luc 1, 28), parce qu’il n’y a eu en elle aucune imperfection, rien qui puisse déplaire à Dieu. Elle est l’Immaculée Conception, toute pure, d’une pureté qui se traduit par une virginité remarquable, que Dieu même a voulu préserver tout en demandant à son Fils de naître de Marie : Vierge avant l’enfantement, Vierge pendant l’enfantement, Vierge après l’enfantement. Marie est aussi Turris civitatis, la Tour qui veille sur la cité, qui la garde et la protège. Une tour, un donjon mettant les habitants à l’abri des incursions de l’adversaire. La tour renferme les forces, les munitions, les provisions qui permettent de soutenir victorieusement un siège si jamais l’ennemi osait malgré tout se présenter et prétendait s’imposer. Du haut de la tour, on le voit venir de loin, le temps donc de prendre toutes les dispositions opportunes pour se mettre à l’abri, pour venir se reposer en elle. Sub tuum præsidium confugimus, « nous nous réfugions sous votre protection ». Auprès de Marie, dans cette tour, si nous traversons les ravins de la mort, nous ne craignons aucun mal (cf. Psaume 22, 4). Marie est notre refuge et notre force (cf. Psaume 46, 2). L’effroi n’est pas de mise. Celui qui est avec Marie se trouve avec Dieu. car la Sainte Vierge est la grande Capitaine du Tout-Puissant. Elle-même est la toute-puissance suppliante. Comme telle, elle reçoit au temps voulu toutes les aides, tous les approvisionnements qui nous sont nécessaires pour tenir bon et emporter chaque combat qui se présente. Elle est la Dispensatrice de toutes les grâces. Nous trouvons donc la paix à l’abri de cette Tour inexpugnable, car elle nous rend solidaire du « Prince de la paix » (Isaïe 5, 9), ses sujets indéfectibles.

samedi 4 avril 2015

Les tentations

Les tentations

Nous ne devons pas nous étonner de succomber parfois à la tentation, souvent même. Certes, il convient de demander à Dieu de ne pas nous laisser séduire par notre ennemi séculaire. Mais, en dépit de tout, nous tomberons, et nous nous relèverons encore fréquemment. Et ce, jusqu’au dernier instant de notre séjour sur terre. Il ne faut pas nous étonner qu’il en soit ainsi, disais-je. Par rapport à Adam et Ève après leur création, (lire la suite) nous sommes nés pécheurs et enclins au péché. Eux, ils vivaient dans un état de justice et de sainteté impressionnant, ils avaient une intimité très poussée avec Dieu. leur intelligence était très aiguë et toutes leurs qualités et leurs vertus se trouvaient portées à un degré, étaient vécues avec une intensité que nous ne pouvons pas imaginer. Pourtant, il a suffi d’une tentation, une seule, brève de surcroît, pour qu’Ève en premier, puis Adam, se rebellent contre leur Dieu et Père, contre leur grand Ami. De plus, l’objet de la tentation a été ridicule. Il ne s’agissait pas, comme lorsque satan osera s’en prendre à Jésus lui-même, de leur donner le pouvoir sur toute la terre et tout ce qu’elle renferme ; ni de commander aux esprits célestes, ni toute autre puissance qui les exalterait. Il s’est agit seulement de susciter en eux l’attrait pour le fruit d’un arbre, mais du seul arbre du paradis terrestre dont il leur avait été expressément demandé de ne pas en manger. Un fruit. Juste un fruit. Rien d’autre. Et cela a suffit ! Cela a marché ! Malgré toute leur intelligence. En dépit de leur sainteté originelle. C’est le mysterium iniquitatis. Ne soyons donc pas surpris qu’il nous affecte, alors que la nature humaine dont nous avons hérité a subi une chute ontologique, et qu’elle est depuis cette infraction première commutata in deterius, sérieusement détériorée. L’accepter ne veut pas dire en prendre notre parti. Nous devons bien sût lutter pour combattre nos défauts. Mais cela est on ne peut plus normal.

vendredi 3 avril 2015

Dictionnaire de Marie

Dictionnaire de Marie

Préface du cardinal Barbarin au Dictionnaire encyclopédique de Marie, de P.-R. Ambrogi et D. Le Tourneau, paraissant le 2 avril 2015 chez Descéle de Brouwer: Étrange paradoxe ! Comment cette « humble servante », toujours si discrète, peut-elle susciter tant de travaux depuis des siècles, et aujourd’hui encore, cette encyclopédie si abondante, si dense et si riche ? Car la Vierge Marie est habitée par le silence. D’elle, au fond, l’Évangile nous rapporte assez peu de choses : rien sur ses origines, son enfance ou la fin de sa vie terrestre, et seulement quelques éléments, essentiels, sur sa maternité (l’Annonciation et la Visitation, la Nativité, les épisodes au Temple…) et sa présence à certaines étapes du ministère public de Jésus comme Cana, « le premier signe », et lors de sa mort, au Golgotha. Dans le reste du Nouveau Testament, quasiment rien : on la voit priant avec les Apôtres avant la Pentecôte (Act 1, 14), et dans ses nombreuses épîtres, saint Paul ne fait qu’une allusion à elle : « Dieu a envoyé son Fils ; il est né d’une femme… » (Gal 4, 4). Les débats théologiques des premiers siècles . (lire la suite) l’ignorent ; ils tournent autour de la personne de Jésus, en qui nous est révélé le mystère de Dieu Trinité. Mais, au fur et à mesure que la réflexion chrétienne se développe, on la regarde davantage pour découvrir la façon dont Dieu avait préparé la venue de son Fils. Les débats sont rudes au Concile d’Éphèse pour affirmer qu’on peut et qu’on doit l’appeler « Theotokos », puisque celui qu’elle a mis au monde est vraiment Dieu. Puis, ils sont de plus en plus nombreux, les disciples du Christ, à parler d’elle et à la chanter au fil des siècles et jusqu’à nos jours. Parmi eux, saint Bernard a peut-être droit à une place particulière… En fait, une lecture plus approfondie ou plus priante et contemplative nous laisse imaginer que cette vie de silence est surtout habitée par une Parole. La première réponse de Marie à l’appel de Dieu est l’accueil de la parole-promesse (rhèma) que l’Ange Gabriel vient de lui délivrer : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole » (Luc 1, 38). Enfin, la Parole de Dieu qui poursuit sa course depuis des siècles (cf. Ps 147, 15) va atteindre son terme. Et sans doute est-ce parce qu’elle est entièrement habitée par cette parole vivante, que Marie devient demeure pour la Parole, quand le Verbe se fait chair. C’est vers Lui qu’elle ne cesse de nous conduire. Depuis vingt siècles, les disciples du Christ reçoivent pour eux la seule consigne que la Toute-Sainte ait donnée dans l’Évangile, et qui s’adressait aux serviteurs du repas, lors des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jean 2, 5) ! 8 Nous savons peu de choses sur elle, mais en un certain sens, nous en savons assez, nous savons tout, du moins pour ce qui est utile à notre salut. En Marie, se déploient la Création, l’Incarnation, la Rédemption et l’ouverture des portes du Royaume. Tout cela s’est fait discrètement, presque sans bruit, sans mots… Excepté bien sûr quand sort de ses lèvres le chant du Magnificat, où éclate sa joie. Quand j’entends Marie proclamer que « Sa miséricorde s’étend d’âge en âge… » (Luc 1, 50), je considère ce demi-verset comme sa manière de résumer toute la Révélation biblique. Elle nous décrit alors comment l’Amour infini et éternel vient s’inscrire dans le temps et dans la variété des existences humaines… La promesse faite à Abraham s’est réalisée de génération en génération, et elle atteint son sommet quand l’amour du Père fait irruption dans le corps et le coeur de cette jeune fille juive de Palestine : « l’enfant qui a été engendré en elle vient de l’Esprit-Saint » dit l’ange apparu en songe à Joseph (Mat 1, 20). Et depuis des siècles, les chrétiens scrutent, contemplent ce « chef-d’oeuvre de la grâce » (ce serait peut-être une bonne manière de rendre l’intraduisible kécharitoménè de Luc 1, 28, le « pleine de grâce du Je vous salue, Marie »). Et cette somme, comme tant de travaux qui l’ont précédée, ne fait jamais qu’effleurer, malgré son volume et sa richesse, un si grand mystère. Quels mots sauraient rendre compte de ce silence… et surtout de cette Parole infinie et éternelle ? Les livres sont bavards, les hommes s’agitent et s’inquiètent, « les pasteurs courent et parlent ; et Marie est en silence », disait Pierre de Bérulle. Je suis heureux d’avoir été invité à introduire cet énorme travail. Qu’il me soit permis de placer les auteurs et leurs lecteurs sous le regard bienveillant et paisible de Notre- Dame de Fourvière, au pied de laquelle j’écris ces lignes, en ce mois du Rosaire. Oui, je les confie tous à son intercession, car comme l’a dit Péguy, il faut s’adresser « À celle qui est Marie. Parce qu’elle est pleine de grâce. À celle qui est pleine de grâce. Parce qu’elle est avec nous. À celle qui est avec nous. Parce que le Seigneur est avec elle. » S’adresser à elle, poursuit le pape François, « comme une vraie mère, qui marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu. » Nul doute que les lecteurs trouveront dans ces pages des chemins pour renouveler leur manière de s’adresser à elle. Merci à leurs auteurs ! Et surtout, comme le chantent les innombrables affiches qui s’offrent à nos regards à l’approche du 8 décembre, puis de Noël : « MERCI, MARIE » ! Philippe cardinal Barbarin

jeudi 2 avril 2015

Dictionnaire encyclopédique de Marie

Dictionnaire encyclopédique de Marie

P.-R. Ambrogi D.Le Tourneau DDB, parution le 2 avril 2015 39 euros. Du plus haut qu’il put atteindre au plus caverneux où il osa descendre, l’homme a donné le nom de Marie à de vertigineuses cathédrales comme à de ténébreux tréfonds (je songe entre autres au puits Notre-Dame des houillères de Ronchamp, ou à la fosse Notre-Dame de la Compagnie des mines d’Aniche), à des communautés vivant l’appel du silence comme à des formations de rock parmi les plus hurlantes (l’un des groupes du heavy metal suédois ne s’est-il pas appelé Notre Dame ?). Je ne dis pas cela par goût des paradoxes, mais parce que Marie ne serait pas Marie si Elle n’était pas partout, si Elle n’avait pas les bras – et le coeur, donc ! – ouverts au plus large pour embrasser toutes les activités des hommes sans exception aucune. En voici une nouvelle preuve avec ce Dictionnaire encyclopédique de mariologie dont Marie est l’antienne, la source et la racine, Dictionnaire aussi complet et complexe, aussi florissant, aussi surabondant, aussi audacieux, aussi défiant, aussi priant qu’une cathédrale de pierre. Ah oui, sans doute était-ce un pari fou que d’ériger ce monument de littérature et de spiritualité ! Mais ce pari, Pascal-Raphael Ambrogi et Dominique Le Tourneau l’ont gagné. Et que leur lecteur soit un de ces enfants éblouis qui savent la joie de danser dans les pas de Marie, ou l’un de ces pauvres Poucets qui ont perdu jusqu’au dernier de leurs petits cailloux d’espérance et de foi, ce livre apporte une certitude : rencontrer Marie n’est pas un vain mot, c’est possible dès aujourd’hui, possible dès ici-bas, ces pages en sont la promesse, le guide, l’itinéraire. Comme la cathédrale, cet ouvrage (j’aime ce mot qui sent bon l’effort, le travail, la recherche du chef-d’oeuvre) chante l’élévation, la verticale, il libère la lumière et les couleurs mariales. On doit en tourner les pages, en égrener les entrées, avec la même déférence mais aussi le même enthousiasme que l’on met à pousser la porte des nefs ouvertes à la foule innombrable des amoureux de Marie – amoureux, oui, et ce livre est justement l’une des plus accomplies, des plus brillantes, des plus fertiles et des plus riches lettres d’amour entre Elle et nous… Didier Decoin, de l’académie Goncourt.