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vendredi 27 février 2015

Péché et tiédeur (4)

Péché et tiédeur (4)

Le Seigneur guérit l’aveugle de naissance : « Ayant ainsi parlé, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, puis il l’étendit sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : "Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (mot qui se traduit : Envoyé)." Il partit, se lava, et s’en retourna, voyant clair » (Jean 9, 6-7). « Les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue, et il leur dit : "Il m’a mis sur les yeux de la boue, je me suis lavé, et je vois." Sur cela quelques-uns des Pharisiens disaient : "Cet homme n'est pas envoyé de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat." D'autres disaient : "Comment un pécheur peut-il faire de tels prodiges ?" […] Si cet homme n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire." Ils lui répondirent : (lire la suite) "Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous fais la leçon ?" Et ils le chassèrent » (Jean 9, 14-15 ; 33-34). Nous voyons à quel point le péché est inscrit dans le cœur de l’homme. Le bien que Jésus réalise est mal interprété par certains, qui y voient un péché. Ce qui est un comble ! « C'est du cœur que viennent des pensées mauvaises : meurtres, adultères, fornications, vols, faux témoignages, blasphèmes » (Mt 15, 19). « Nous autres qui cherchons la vie éternelle, ne sommes-nous pas des voyageurs pressés, sur les chemins qui mènent à notre patrie ? Alors, à quoi bon avoir déjà tant marché si nous négligeons de franchir la distance qui nous reste à parcourir pour toucher au but ? En bons voyageurs, nous ne devons plus penser au chemin parcouru, mais à celui qu’il nous reste à parcourir. Dès lors, le bout de la route que l’on voyait, avec appréhension, se dérouler devant soi, on le retrouve peu à peu derrière. Bref, il faut penser bien davantage à tout le bien que nous n’avons pas encore accompli qu’à celui que nous nous réjouissons d’avoir déjà réalisé » (saint Grégoire le Grand, Moralia 22, 6 ; PL 76, 220). Est-ce que je me suis fixé des objectifs dans ma vie quotidienne ? Ai-je des points de lutte concrets ? Des temps de prière, de petites mortifications, des objectifs apostoliques ? Est-ce que je sais ce que je veux au juste ? Est-ce que je m’adresse à Dieu avec la question du jeune homme riche ? Quels sont les ennemis de l’homme ? Il en existe trois : le démon, le monde et la chair et, dans le monde, « la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’ostentation de la richesse » (1 Jean 2, 16). Que devons-nous faire face à eux ? Nous détacher des choses de ce monde. Rejeter toute tentation dès le premier instant, dès que nous la percevons, le diable cherchant toujours, absolument toujours, à nous tromper en jouant sur la corde de notre liberté que, sous-entendu, Dieu ne cesse d’entraver. Ce qui est un comble ! (à suivre…)

mercredi 25 février 2015

Péché et tiédeur (3)

Péché et tiédeur (3)

Il aurait peut-être mieux valu que les vierges, qualifiées de folles dans la parabole, restent chez elles ; parce que ce qu’elles font est inutile, puisqu’elles n’ont pas l’huile nécessaire pour maintenir leur lampe allumée, ou au moins en veilleuse, tout le temps de l’attente (mais Dieu récompense toujours d’une façon ou d’une autre ce qui a été fait de bien). C’est ce que montre la suite de la parabole : « Au milieu de la nuit, un cri se fit (entendre) : "Voici l’époux ! Allez à sa rencontre !" Alors toutes ces vierges se levèrent et préparèrent leurs lampes. Et les folles dirent aux sages : "Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent." Les sages répondirent : (lire la suite) "De crainte qu’il n'y en ait pas assez pour nous et pour vous, allez plutôt chez ceux qui en vendent, et achetez-en pour vous." Mais, pendant qu’elles s’en allaient en acheter, l’époux arriva, et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui au festin des noces, et la porte fut fermée. Plus tard, les autres vierges vinrent aussi, disant : "Seigneur, Seigneur, ouvre-nous! " Mais il répondit : "En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas." Donc veillez, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure » (Mt 25, 6-13). « Je connais tes œuvres : tu n’es ni froid ni chaud. Plût à Dieu que tu fusses froid ou chaud ! Aussi, parce que tu es tiède et que tu n’es ni froid ni chaud je vais te vomir de ma bouche » (Apocalypse 3, 15-16). Cette affirmation montre à quel point Dieu a horreur des gens tièdes, mollassons, qui ne se donnent pas entièrement à lui, qui cherchent à se tranquilliser en faisant un petit quelque chose, qui n’est en réalité qu’une caricature de vie chrétienne, des miettes que l’on donne à Dieu. Et qu’il s’estime heureux avec cela ! Nous savons qu’il existe deux sortes de péchés : le péché véniel, qui ne nous coupe pas de l’amitié avec Dieu, bien qu’il la refroidisse ; et le péché mortel, souvent qualifié de grave, qui, lui, fait de nous un membre mort de l’Église, nous coupe de l’amour de Dieu et de notre prochain. Si jamais cela nous arrivait, que faudrait-il faire ? Se décourager ? Certainement pas. Nous confesser au plus tôt, puisque le sacrement ne se limite pas à pardonner la faute, mais possède la vertu curative de nous fortifier et de nous guérir. Nous ne pouvons pas mettre en doute la bonté absolue de Dieu. Il a institué le sacrement de la réconciliation pour cela. Ne l’oublions pas. Il savait bien que nous en aurions besoin. C’est un effet supplémentaire de sa miséricorde et de sa Bonté infinies. Quelque chose d’absolument merveilleux. Dont le succès est garanti, en plus ! (à suivre…)

lundi 23 février 2015

Péché et tiédeur (2)

Péché et tiédeur (2)

Si nous ne luttons pas contre le péché, nous tomberons dans la tiédeur, dans une fausse tranquillité. Il y avait une fois un royaume infesté de brigands. Le roi, appelons-le Régarède, avait beau guerroyer contre eux, il n’arrivait pas à mettre un terme à leurs exactions. Malgré ses expéditions répétées, les brigands pillaient les villages, rançonnaient les habitants, semaient la désolation sur leur passage. En désespoir de cause, le roi s’adressa à son collègue Tancrède, souverain du royaume voisin, pour lui demander de lui venir en aide. Ce qu’il accepta par amitié pour lui. Employant les grands moyens, il réussit à mettre en fuite les brigands, qui disparurent. Et la paix fut ainsi rétablie. Le roi Régarède fut soulagé (lire la suite) et reconnaissant envers Tancrède. Mais celui-ci lui dit qu’il fallait poursuivre le combat afin d’éradiquer complètement les bandits, car, pour le moment, ils n’avaient fait que se cacher, et ils se manifesteraient de nouveau à la première occasion. Mais Régarède lui répondit : « À quoi bon relancer la guerre, alors que nous avons maintenant la paix ? » La position de Tancrède l’emporta toutefois, car cette paix était une fausse paix, aux apparences trompeuses. Une guerre impitoyable s’ensuivit, pire que la première. Mais à la fin, tous les brigands furent exterminés et, cette fois, une paix véritable et durable s’instaura dans le royaume de Régarède. Il ne suffit donc pas de nous confesser. Il est important aussi d’extirper le péché de notre vie, de le traquer dans ses retranchements, d’en découvrir les racines pour les arracher. La tiédeur n’est pas un risque hypothétique. C’est situation celui qui est bon gars, certes. Il ne tue personne, il est sympathique, il va à la messe le dimanche, il prie de temps à autre, peut-être en se levant et se couchant, mais il ne lutte pas vraiment contre le péché, il ne se soucie pas de faire mieux pour obtenir la vie éternelle. « Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l'époux. Cinq d'entre elles étaient folles, et cinq étaient sages. Les folles, en prenant leurs lampes, n'avaient pas pris d'huile avec elles ; mais les sages avaient pris de l'huile dans leurs vases avec leurs lampes. Comme l'époux tardait, elles s'assoupirent toutes et s'endormirent » (Mt 25, 1-5). Que font celles qui sont qualifiées de folles ou d’insensées par notre Seigneur ? Elles sortent bien à la rencontre de l’époux ; elles prennent leurs lampes avec elles. Mais elles ne pensent pas à se munir d’huile ; ensuite, au lieu d’aller en acheter alors qu’il est encore temps de le faire, elles s’assoupissent. Elles ont bien fait quelque chose pour leur Seigneur, oui, sans doute. Mais elles constituent un exemple typique de la personne tiède. (à suivre…)

samedi 21 février 2015

Péché et tiédeur (1)

Péché et tiédeur (1)

« Jésus vit, en passant, un aveugle de naissance. Maître, lui demandèrent ses disciples, est-ce que cet homme a péché, ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? Jésus répondit "Ni lui, ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut, tandis qu’il est jour, que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde." Ayant ainsi parlé, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, puis il l’étendit sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : "Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (mot qui se traduit Envoyé)." Il partit, se lava, et s’en retourna, voyant clair » (Jean 9, 1-7). La question posée par les disciples traduit une mentalité (lire la suite) erronée, que Jésus rectifie aussitôt. L’infirmité n’est pas la conséquence du péché. Mais le péché, lui, existe bien. Et il existe depuis l’aurore de l’humanité, quand nos premiers parents, Adam et Ève, se sont laissés séduire par le diable. Si la maladie existe « afin que les œuvres de Dieu soient manifestées » dans celui qui en pâtit, le péché a conduit Dieu à envoyer son Fils dans le monde, prendre une chair égale à la nôtre en tout, hormis le péché, précisément, pour tirer de la condition de fils de la colère dans laquelle nous étions alors plongés et nous rétablir dans la dignité d’enfants de son Père. Le baptême a effacé le péché originel, qui nous est transmis avec la nature humaine. Propagation quelque peu mystérieuse, mais bien réelle. Mais notre nature reste marquée par cette tare, et encline au péché. Il en est ainsi, parce que notre intelligence et notre volonté sont affaiblies, malades en quelque sorte. De ce fait, nous n’arrivons pas à voir toujours clairement quel est le vrai bien que nous devons choisir, ni, une fois déterminé, à nous décider de le poursuivre. C’est le mystère d’iniquité, dont parle saint Paul, à l’œuvre en nous. L’aveugle n’est pas atteint de cécité corporelle parce qu’il a péché. Mais nous sommes atteints, nous, d’une certaine cécité spirituelle parce que nous avons péché. Le mal appelle le mal, tout comme le bien appelle le bien. « C’est en avant, au-dessus et loin de moi que je vise toujours. Je regarde devant, pas en arrière (d’ailleurs les yeux sont faits pour regarder devant soi) » (Abel Gance, au Grand échiquier de Jacques Chancel). C’est cela qui est important. Viser toujours plus loin, toujours plus haut. Ne pas nous contenter de ce que nous sommes. Avoir, mais pour de vrai, l’aspiration du jeune homme riche : « Que dois-je faire d’autre pour avoir la vie éternelle ? » (à suivre…)

jeudi 19 février 2015

Marie attend nos prières

Marie attend nos prières

Dans les circonstances que traversent aussi bien notre pays que le monde, en ce début du troisième millénaire, il est intéressant d'écouter le dialogue entre la très Sainte Vierge et le Père Louis-Édouard Cestac (1801-68), cofondateur des Servantes de Marie, dont la cause de béatification a été introduite, en 1908, par le pape saint Pie X. Cela se passe le 13 janvier 1864. ()Le P. Cestac est frappé d’un rayon de lumière. Il voit des démons répandus sur toute la terre y causant des ravages. Il voit en même temps la Sainte Vierge, qui lui dit que l’heure est venue de la prier en tant que Reine des Anges et de lui demander d’envoyer des Légions saintes combattre les démons. S’étonnant que Marie ne les envoie pas spontanément, elle lui répond que la prière est condition mise par Dieu à l’obtention des grâces. Elle indique alors au P. Cestac comment elle veut être priée : « Auguste Reine des Cieux et Maîtresse des Anges, vous qui, dès le commencement, avez reçu de Dieu le pouvoir et la mission d’écraser la tête de satan, nous vous le demandons humblement, envoyez les légions célestes pour que, sous vos ordres, elles poursuivent les démons, les combattent partout, répriment leur audace et les refoulent dans l’abîme. « Quis ut Deus ? » – Qui est comme Dieu ? Ô bonne et tendre Mère, vous serez toujours notre amour et notre espérance. Ô divine Mère, envoyez les Saints Anges pour me défendre et repousser loin de moi le cruel ennemi. Saints Anges et Archanges, défendez-nous, gardez-nous. »

mardi 17 février 2015

La résurrection de Lazare (6)

La résurrection de Lazare (6)

« Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là » (Jean 11, 39). Il n’y a pas à barguigner. Il faut se plier à la volonté de Dieu. C’est une condition sine qua non du progrès spirituel véritable. Devant la majesté et la grandeur de Dieu, nous devons nous faire tout-petit, reconnaître notre totale dépendance de la toute-puissance de Dieu. Il n’y a pas d’autre attitude possible. « Quiconque s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé » (Luc 14, 11). Nous pouvons sentir encore mauvais, parce que nous n’avons pas réparé complètement pour nos péchés… Pour cette situation, Dieu a préparé le purgatoire, dont le nom exprime clairement la finalité : «Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais imparfaitement purifiés, bien qu’assurés de leur salut éternel, souffrent après leur mort une purification, afin d’obtenir la sainteté nécessaires pour entrer dans la joie du ciel. L’Église appelle Purgatoire cette purification finale des élus qui est tout à fait distincte du châtiment des damnés. L’Église a formulé la doctrine de la foi relative au Purgatoire surtout aux Conciles de Florence et de Trente. La tradition de l’Église, faisant référence à certains textes de l’Écriture (par exemple 1 Corinthiens 3, 15 ; 1 Pierre 1, 7), parle d’un feu purificateur » (Catéchisme de l’Église Catholique, nos 1030-1031). (lire la suite) « Jésus lui dit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ? » Ils ôtèrent donc la pierre ; et Jésus leva les yeux en haut et dit : « Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé » (Jean 11, 40-41). Marthe lui avait déclaré : « Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera » (Jean 11, 22). Ce à quoi Jésus avait répondu : « Ton frère ressuscitera » (Jean 11, 23). Voici le moment venu de cette résurrection annoncée. Le Père la lui a déjà accordée. C’est pourquoi il le remercie par avance. L’action de grâce est une autre manifestation d’humilité, car c’est la reconnaissance des bienfaits que Dieu nous octroie libéralement et avec une abondance calculée, c’est-à-dire telle que nous n’en manquions jamais. Si nous jetons un coup d’œil sur notre vie, nous n’avons que des motifs de remercier Dieu. Tout est grâce. Et parce que notre vie est une succession de « merveilles de Dieu » (Psaume 71, 19), nous nous en trouvons encouragés à lui ouvrir notre âme avec simplicité et confiance pour lui manifester nos besoins et lui demander de nous aider davantage encore. Je te remercie, Seigneur, de toutes les grâces que tu nous envoies à profusion. Je te demande pardon pour mes infidélités, pour avoir gaspillé une partie de ces grâces, et de ne pas m’en tenir rigueur… et je sollicite encore ton aide, car j’en ai besoin aujourd’hui et toujours. « Pour moi je savais que tu m'exauces toujours ; mais j'ai dit cela à cause de la foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que c'est toi qui m'as envoyé » (Jean 11, 42). Il réalise ce miracle – comme tous les autres, et comme tous les miracles spirituels, qu’il réalise dans notre âme – pour que nous croyions en lui, pour que nous soyons bien convaincus qu’il est le Fils de Dieu, Dieu lui-même et donc, à ce titre, Tout-Puissant. Et que, par conséquent, il nous accordera tout ce que nous lui demanderons : « Ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom : demandez et vous recevrez, si bien que votre joie sera complète » (Jean 16, 23-24). « Ayant parlé ainsi, il cria d'une voix forte : « Lazare, sors ! » (Jean 11, 43-44). « Lazare a ressuscité parce qu'il a entendu la voix de Dieu : il n'eut de cesse de sortir aussitôt de l'état où il se trouvait. S'il n'avait pas « voulu » bouger, il serait mort de nouveau. Prendre cette résolution sincère: avoir toujours foi en Dieu ; mettre toujours son espérance, toujours son amour en Dieu..., Lui qui ne nous abandonne jamais, même si nous sommes aussi décomposés que Lazare » (saint Josémaria, Forge, n° 211). Les gens présents ont dû faire un pas en arrière. Un mort qui est vivant ! Et qui apparaît en plus revêtu de son linceul, enveloppé de bandelettes, momifié ! Quel spectacle ! Si bien que tous sont cloués sur place et que Jésus sait ordonner : « Déliez-le, et laissez-le aller » (Jean 11, 44). Quel exemple réconfortant pour nous, en voyant ce que Jésus a fait pour son ami ! Car « Jésus est ton ami. — l’Ami. — Avec un cœur de chair comme le tien. — Avec des yeux pleins de bonté, qui ont versé des larmes pour Lazare… — Et il t’aime, toi, autant que Lazare » (saint Josémaria, Chemin, n° 422). Que n’est-il pas disposé à faire aussi pour nous… Un exemple réconfortant, parce qu’il est le gage de nos résurrections spirituelles, l’assurance que rien n’est définitivement perdu ici-bas. Lazare mourra une deuxième fois, définitive celle-là. (fin)

dimanche 15 février 2015

La résurrection de Lazare (5)

La résurrection de Lazare (5)

« Et il dit : « Où l'avez-vous mis ? » « Seigneur, lui répondirent-ils, venez et voyez. » Et Jésus pleura » (Jean 11, 34-35). Nous ne pouvons pas rester insensibles face à la douleur de notre Seigneur. Elle n’est pas feinte. C’est sa très Sainte Humanité qui s’exprime de la sorte. « Il a été éprouvé en tout de la même manière que nous, le péché exclu » (Hébreux 4, 15). Nous le voyons bien ici. Et c’est très beau. Jésus nous est très proche. Il nous comprend dans notre détresse, parce qu’il l’a connue personnellement, il l’a partagée. « Les Juifs dirent : « Voyez comme il l'aimait. » Mais quelques-uns d'entre eux dirent : « Ne pouvait-il pas, lui qui a ouvert les yeux d'un aveugle-né, faire aussi que cet homme ne mourût point? » (Jean 11, 36-37). « Jésus donc, frémissant de nouveau (lire la suite) en lui-même, se rendit au sépulcre » (Jean 11, 38). Son émotion n’est pas passagère, mais profonde, comme profond était son lien d’amitié avec Lazare et ses deux sœurs. Il souffre aussi pour elles, à cause de leur propre douleur. « Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, se rendit au sépulcre: c'était un caveau, et une pierre était posée dessus » (Jean 11, 38). C’est le style de tombeau de l’époque, obstrué par une pierre que l’on fait rouler, et qu’il est fort difficile ensuite de déplacer. L’on se souvient de la réflexion que se font les saintes femmes au matin de Pâques ; tandis qu’elles se rendent au Saint-Sépulcre pour achever d’embaumer le corps du Seigneur : « Elles se disaient entre elles : « Qui va nous rouler la pierre de devant l’entrée du tombeau ? » (Marc 16, 3). Ce jour-là, la pierre avait déjà été roulée… Mais aujourd’hui, elle se pose, car Lazare est bel et bien dans la tombe. Aussi Jésus ordonne-t-il : « Ôtez la pierre ! » (Jean 11, 39). Cette injonction provoque la surprise. Marthe a beau croire que Jésus est la Résurrection et le Messie, elle hésite : « Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà, car il y a quatre jours qu'il est là » (Jean 11, 39). Que ce soit le quatrième ou le quarantième jour n’a pas d’importance pour Jésus. « Jésus lui dit : « Ne vous ai-je pas dit que si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ? » (Jean 11, 40). Cette gloire de Dieu pour laquelle Lazare est tombé malade puis est décédé. Cette gloire de Dieu que seuls quelques privilégiés ont pu voir, comme Moïse sur le mont Horeb et les apôtres Pierre, Jacques et Jean sur le mont Thabor, au jour de la Transfiguration (cf. Lc 9, 28-36). Ce à quoi sommes aussi appelés. C’est l’autre issue du jugement particulier : le ciel. En quoi consiste-t-il ? « Ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, et qui sont parfaitement purifiées, vivent pour toujours avec le Christ. Ils sont pour toujours semblables à Dieu, parce qu’ils le voient " tel qu’il est " (1 Jean 3, 2), face à face (cf. 1 Corinthiens 13, 12 ; Apocalypse 22, 4). […] Cette vie parfaite avec la Très Sainte Trinité, cette communion de vie et d’amour avec Elle, avec la Vierge Marie, les anges et tous les bienheureux est appelée " le ciel ". Le ciel est la fin ultime et la réalisation des aspirations les plus profondes de l’homme, l’état de bonheur suprême et définitif » (Catéchisme de l’Église Catholique, nos 1023-1024). (à suivre…)

vendredi 13 février 2015

La résurrection de Lazare (4)

La résurrection de Lazare (4)

Quelle est la suite de notre mort ? Elle n’est pas la même pour tous. Beaucoup de paraboles le montrent clairement… « Allez-vous en maudits au feu éternel » (Matthieu 25, 41)… C’est sans appel. L’enfer fait donc partie des possibilités. Mourir en état de péché mortel, sans repentir, y conduit inexorablement… Qu’est-ce que l’enfer ? Le Catéchisme de l’Église Catholique en donne une explication : « Les affirmations de la Sainte Écriture et les enseignements de l’Église au sujet de l’enfer sont un appel à la responsabilité avec laquelle l’homme doit user de sa liberté en vue de son destin éternel. Elles constituent en même temps un appel pressant à la conversion : " Entrez par la porte étroite. Car (lire la suite) large et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il en est beaucoup qui le prennent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent " (Matthieu 7, 13-14). […] Dieu ne prédestine personne à aller en enfer ; il faut pour cela une aversion volontaire de Dieu (un péché mortel), et y persister jusqu’à la fin. Dans la liturgie eucharistique et dans les prières quotidiennes de ses fidèles, l’Église implore la miséricorde de Dieu, qui veut " que personne ne périsse, mais que tous arrivent au repentir " (2 Pierre 3, 9) : Voici l’offrande que nous présentons devant toi, nous, tes serviteurs, et ta famille entière : dans ta bienveillance, accepte-la. Assure toi-même la paix de notre vie, arrache-nous à la damnation et reçois-nous parmi tes élus. […] La peine principale de l’enfer consiste en la séparation éternelle d’avec Dieu en qui seul l’homme peut avoir la vie et le bonheur pour lesquels il a été créé et auxquels il aspire » (Catéchisme de l’Église Catholique, nos 1036-1037 et 1057). « La considération de l’enfer : cela m’a beaucoup aidé à perdre la crainte des tribulations » (sainte Thérèse d’Avila). « Lorsqu'elle eut ainsi parlé, elle s'en alla, et appela en secret Marie, sa sœur, disant : « Le Maître est là, et il t'appelle » (Jean 11, 28). Jésus veut voir Marie en tête-à-tête aussi, et la consoler personnellement, en dehors de la foule des amis et connaissances qui sont venus présenter leurs condoléances et qui, comme cela est la coutume en Orient, envahissent la maison. Marie se hâte. « Les Juifs qui étaient avec Marie, et la consolaient, l'ayant vue se lever en hâte et sortir, la suivirent en pensant : « Elle va au sépulcre pour y pleurer » (Jean 11, 31). Mais elle prend une autre direction, ce qui doit les décontenancer quelque peu, surtout à cause de la rapidité que Marie met à se déplacer. « Lorsque Marie fut arrivée au lieu où était Jésus, le voyant, elle tomba à ses pieds, et lui dit : « Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11, 32). Elle dit exactement la même chose que sa sœur, mot pour mot. Avec une identique simplicité, avec une identique humilité. Elle ne doute pas que le Seigneur agit toujours à la perfection, qu’il n’y a rien à lui reprocher, jamais. Elle fait simplement état de sa conviction que si Jésus avait été présent, il aurait fait ce qu’il fallait pour que son frère ne mourût pas. « Jésus la voyant pleurer, elle et les Juifs qui l'accompagnaient, frémit en son esprit, et se laissa aller à l'émotion » (Jean 11, 33). Jésus pleure à son tour, non seulement gagné par l’émotion, comme le souligne l’évangéliste, mais parce que son Cœur saigne de savoir mort celui qu’il aime spécialement. Ces pleurs de Jésus nous touchent de près. (à suivre…)

mercredi 11 février 2015

La résurrection de Lazare (3)

La résurrection de Lazare (3)

« Pensez surtout à la perfidie de la Mort… Tous les soirs, au coucher du soleil, on voit Baptiste le boiteux qui remonte son pré de Ruissatel. Il suit les lacets de la route, avec sa grande faux sur son épaule. On le voit de loin : on sait qu’il n’arrivera pas avant l’Angélus. Mais la mort ne vient pas comme ça… Souvent, elle te suit depuis une semaine et tu ne t’en es pas aperçu, tu croyais que c’était ton ombre… D’un seul coup, elle passe devant toi, et du bout de son doigt pointu, elle touche ton cœur qui éclate, et tu tombes sans dire un mot… Ou bien, avec une petite tape sur la tête elle te bouche une veine du cerveau, ou bien c’est le mégot qui est tombé dans la litière du cheval, et quand les voisins arrivent, avec les seaux de toile et la pompe du village, toi tu ne seras plus qu’un gros bout de charbon, tordu comme un tronc d’olivier ; ou encore, c’est en plein jour, un beau matin du mois d’avril. Elle apparaît au pied de cerisier, (lire la suite) elle fait un croc-en-jambe à l’échelle qui s’effondre, et voilà un chrétien par terre, tout disloqué comme un épouvantail de figuière, et sa pauvre âme toute sale qui s’envole au ciel, désespérée. Voilà mes frères ce qui vous menace si vous avez peur de vous confesser » (M. Pagnol, « Sermon du curé », Le Curé de Cucugnan). Marthe s’exprime en toute simplicité. Ce n’est pas vraiment un reproche, mais plutôt une constatation. Mais un constat empreint, là encore, de confiance, car Marthe ajoute : « Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera » (Jean 11, 22). Elle a aussi l’humilité de ne rien imposer, de ne pas commander au Seigneur. Elle croit. N’est-ce pas suffisant ? S’engage alors un dialogue : « Jésus lui dit : « Ton frère ressuscitera. » « Je sais, lui répondit Marthe, qu'il ressuscitera lors de la résurrection, au dernier Jour » (Jean 11, 23-24). Effectivement, les morts ressusciteront au dernier jour. Les Juifs le croient. Nous aussi nous le croyons. C’est un des articles de notre foi. Abraham « estimait que Dieu a la puissance de ressusciter les morts » (Hébreux 11, 9). Or, Jésus-Christ est le Dieu vivant. C’est pourquoi il répond à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Le crois-tu ? » (Jean 11, 25-26). Jésus est en droit de nous poser cette même question. Marthe n’hésite pas : « Oui, Seigneur », lui dit-elle, « je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir en ce monde » (Jean 11, 27). Avons-nous cette même foi, cette même simplicité pour reconnaître la divinité de Jésus, qui est la Résurrection et la Vie, et pour reconnaître que nous n’avons la vie qu’en lui ? Avons-nous cette même simplicité et cette même spontanéité pour le confesser auprès de nos proches et de nos amis ? « Je puis tout en celui qui me fortifie » (Philippiens 4, 13), c’est-à-dire dans le Christ Jésus. (à suivre…)

lundi 9 février 2015

La résurrection de Lazare (2)

La résurrection de Lazare (2)

La mort met terme à notre vie terrestre et nous ouvre sur la vie éternelle. Que se passe-t-il à ce moment-là ? Intervient ce que l’on appelle le jugement particulier. Il s’agit d’un véritable jugement de tout ce que nous avons fait et omis pendant les années qu’il nous a été donné de vivre. Rien n’est caché aux yeux de Dieu. Même nos pensées les plus intimes, nous devrons en rendre compte. « Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. » Sur l’amour avec lequel nous aurons vécu notre existence terrestre. Puissions-nous comprendre la signification profonde de cette affirmation de saint Jean de la Croix, reprise par le Catéchisme de l’Église Catholique. (lire la suite) Autrement dit, quand nous comparaîtrons devant Dieu à l’instant même de notre mort, il ne nous demandera pas si nous avons créé une entreprise florissante, si nous avons fait gagner des milliards à notre pays, si nous avons découvert le vaccin efficace contre le virus Ebola ou si nous avons réalisé un exploit sportif qui restera dans les annales. Il nous demandera si nous avons créé une entreprise florissante par amour ; si nous avons fait gagner des milliards à notre pays par amour ; si nous avons découvert le vaccin efficace contre le virus Ebola par amour ou si nous avons réalisé un exploit sportif par amour. Le reste ne l’intéresse nullement. D’ailleurs, il ne peut pas en tenir compte pour nous introduire en sa compagnie. Car, pour en jouir, il ne faut pas s’aimer soi-même, mais avoir aimé son prochain et, au travers de lui, avoir aimé Dieu. Toute autre chose n’est que balivernes, est comme la paille que le vent emporte (cf. Osée 13, 3). N’est que fatigue inutile, que gesticulation futile, du don Quichotte se battant contre des moulins à vent. Mais il ne sera plus possible de revenir en arrière ; il n’existe pas de session de repêchage. Nous devrons tout assumer de notre vie. C’est nous qui, au fond, décidons de la sentence, puisqu’elle est le résultat, le solde pour tout compte de notre existence. Convertissons-nous, sans attendre le moment de notre mort. Seigneur, aide-moi à prendre la vie au sérieux, c’est-à-dire à penser à ma mort, qui peut intervenir à tout bout de champ, selon ta très sainte Volonté. Aide-moi à rectifier, afin d’être prêt à comparaître devant toi, en fils dont tu puisses être fier. « Jésus vint donc et trouva Lazare depuis quatre jours dans le sépulcre. […] Beaucoup de Juifs étaient venus près de Marthe et de Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Dès que Marthe eut appris que Jésus arrivait, elle alla au-devant de lui, tandis que Marie se tenait assise à la maison. Marthe dit donc à Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort » (Jean 11, 17-21). « Ce qui est admirable, c’est de voir les sœurs de Lazare, après avoir entendu dire que cette maladie ne causerait pas la mort de leur frère, assister à sa mort sans être scandalisées de cet événement contraire à la prédiction du Sauveur, et s’approcher de Jésus sans concevoir de lui une opinion défavorable » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur saint Jean 62, 1). Cette mort à laquelle je n’attache pas toujours beaucoup d’importance, mais qui peut survenir à n’importe quel moment. (à suivre…)

samedi 7 février 2015

La résurrection de Lazare (1)

La résurrection de Lazare (1)

« Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie, village de Marie et de Marthe, sa sœur » (Jean 11, 1). « Pendant qu'ils étaient en chemin, il entra dans un certain bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison » (Luc 10, 38). Jésus s’y arrête relativement fréquemment, Béthanie étant, « à quinze stades environ » (Jean 11, 18) de Jérusalem. Il y est accueilli avec joie par ces trois frères et sœurs, qui sont pour lui de très bons amis. Nous éprouvons une grande joie, nous aussi, à voir ces sentiments humains chez le Seigneur, à constater qu’il a un Cœur qui abrite des sentiments d’affection comme les nôtres. « Marie est celle qui oignit de parfum le Seigneur, et lui essuya les pieds avec ses cheveux » (Jean 11, 2). C’est une précision que Jean apporte quand il rédige son Evangile, même si l’événement de l’onction n’interviendra que plus tard. « Et c'était son frère Lazare qui était malade » (Jean 11, 2). (lire la suite) Jésus ne se trouve pas à Béthanie quand Lazare tombe malade. Apparemment cette maladie est suffisamment grave pour qu’elle suscite l’inquiétude de Marthe et de Marie. Aussi « les sœurs envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui que vous aimez est malade » (Jean 11, 3). Elles lui envoient un messager chargé de l’avertir. Elles ont à la fois la simplicité de faire part au Maître de leur souci et la délicatesse de le laisser libre de sa décision. Cette même délicatesse qui doit marquer notre relation personnelle avec Jésus, cette même simplicité : il suffit de lui faire état de ce que nous ressentons, de nos préoccupations et soucis, de nos besoins ; et de nous présenter devant lui avec nos faiblesses et nos misères, les nôtres et aussi celles d’autrui : « Seigneur, celui que vous aimez est malade. » Et nous sommes tous quelqu’un qu’il aime. Nous sommes tous ses amis : « Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous prescris. Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; vous, je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15, 14-15). Cependant Jésus ne réagit pas comme Marthe et Marie l’escomptaient secrètement. « Ce qu'ayant entendu, Jésus dit : « Cette maladie ne va pas à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle » (Jean 11, 4). Nous retrouvons le souci de la gloire de Dieu. L’infirmité et la maladie sont permises par Dieu pour que par la guérison apportée par Jésus, Dieu soit glorifié. En même temps, puisqu’elles sont permises par Dieu, nous devons quant à nous les accepter et les aimer. Cette acceptation et cet amour des difficultés et des infirmités de la vie sont certainement une façon bien réelle de rendre gloire à Dieu en aimant sa très sainte et très aimable Volonté. Tout comme le Fils rend gloire à son Père en disant : « Ma nourriture, c’est de faire la Volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jean 4, 34), Volonté qui, il le sait bien, comporte la Croix… « Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur Marie, et Lazare » (Jean 11, 5), précise saint Jean. Et parce qu’il les aime, il ne se désintéresse pas d’eux. Seulement voilà, ses plans, sa logique, son temps sont distincts des nôtres. Et nous, qui connaissons la suite de l’histoire, nous savons qu’ils sont meilleurs que les nôtres et supérieurs à eux, qu’ils nous portent au-delà des espérances purement humaines. « Il parla ainsi, et ajouta : « Notre ami Lazare dort, mais je me mets en route pour le réveiller. » Ses disciples lui dirent : « S'il dort, il guérira. » Mais Jésus avait parlé de sa mort, et ils pensaient que c'était du repos du sommeil. Alors Jésus leur dit clairement : « Lazare est mort ; et je me réjouis à cause de vous de n'avoir pas été là, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui » (Jean 11, 11-15). Remarquons que Jésus sait ce qui est advenu à Lazare sans que personne l’en ait prévenu. « Tout est à nu et sans masque » à ses yeux (Hébreux 4, 15). (à suivre…)

jeudi 5 février 2015

La louange de Dieu (2)

« Louez-le au firmament, œuvre de sa puissance » (Psaume 150, 1), car « les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament fait connaître l’œuvre de ses mains » (Psaume 19, 2). Et « depuis la création du monde ses attributs invisibles deviennent, par ses œuvres, visibles à l’intelligence, sa puissance éternelle comme sa divinité, aussi sont-ils inexcusables, puisque, connaissant Dieu, ils ne l’ont ni glorifié ni remercié comme Dieu ; au contraire, ils se sont perdus en de vaines pensées et leur cœur intelligent s’est enténébré » (Romains 1, 20-21) et ils n’ont pas rendu à Dieu le culte qui lui est dû. Pire encore, ils se sont détournés de lui et « se flattant d’être des sages, ils sont devenus fous, à la gloire du Dieu immortel ils ont substitué des images représentant l’homme mortel, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles » (Romains 1, 22-23). Voilà quels sont les dieux de l’homme, (lire la suite) qu’il honore à la place du Dieu Tout-Puissant ! Un veau d’or, à l’occasion, en ayant de plus le toupet de se prosterner devant lui en disant : « Voici ton dieu, qui t’a tiré du pays d’Égypte » (Exode 32, 8). Ô insensés et ingrats que nous sommes ! « Louez-le pour ses hauts faits ! Louez-le pour l’immensité de sa grandeur ! » (Psaume 150, 2). Personne ne peut donner à Dieu quelque chose qui ne lui appartienne pas déjà. A toi la louange, la puissance et la gloire pour les siècles des siècles. « Amen ! Que la bénédiction, la gloire, la sagesse, l’action de grâces, l’honneur, la puissance et la force soient à notre Dieu pour les siècles des siècles ! Amen ! » (Apocalypse 7, 12). Mais du fait que nous pouvons refuser à Dieu la louange que nous lui devons, c’est que nous pouvons la lui donner. Tout comme nous pouvons lui ouvrir l’accès à notre cœur ou le fermer à son amour. « Chantez au Seigneur, bénissez son nom ; annoncez jour après jour le salut qui vient de lui. Racontez parmi les nations sa gloire, parmi tous les peuples ses miracles. Le Seigneur, en effet, est grand et très digne de louange, il est redoutable par-dessus tous les dieux : car tous les dieux des peuples sont des êtres de néant, tandis que le Seigneur a fait les cieux » (Psaume 96, 2-5). Quelle tristesse que si peu de gens connaissent le vrai Dieu et reconnaissent en notre Dieu le vrai Dieu ! Pourtant l’injonction est claire : « Louez notre Dieu, vous tous, ses serviteurs, et vous qui le craignez, petits et grands ! » (Apocalypse 19, 5). Ce qui se passe, c’est que peu nombreux sont ceux qui le craignent, qui voient en lui leur Père, à la Bonté indescriptible, dont les pensées sont des pensées de paix, non d’affliction (cf. Jérémie 29, 10). Ils ont une pauvre idée de lui, une idée tellement erronée, à mille lieues de la réalité. « De la foule, quelques pharisiens lui dirent : « Maître, réprimande fermement tes disciples ! » Mais il répondit : « Je vous le dis, si eux se taisent, ce sont les pierres qui crieront « (Luc 19, 39-40). Vous le voyez ? Les pierres elles-mêmes, la création tout entière est disposée à rendre hommage à son Dieu. Et de fait, lorsque Jésus meurt au Golgotha, « la terre trembla, les rochers se fendirent » (Matthieu 27, 51). Elle s’associe à la complainte des hommes droits, elle hurle sa douleur, car on a tué notre Seigneur, elle gémit dans les douleurs de l’enfantement jusqu’à ce jour (cf. Romains 8, 22), car c’est une nouvelle création qui s’opère ainsi, la restauration dans l’ordre originel d’amitié avec Dieu, bien qu’avec la cédule du péché et ses conséquences lamentables. « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Luc 22, 27).C’est l’humilité qui me porte à rendre gloire à Dieu, une louange incessante, car alors je reconnais aisément la grandeur de Dieu et la petitesse de ma condition humaine. L’attitude contraire conduit l’homme à ériger sa statue à la place de celle de Dieu, et à venir s’ébattre devant elle, acceptant ainsi de faire toutes sortes de concessions au prince de ce monde, de capituler devant lui. Car l’homme est soit avec Dieu soit contre Dieu. Ou bien il rend gloire à Dieu ou bien il glorifie le Mal en se glorifiant bêtement lui-même. « Louez-le pour l’immensité de sa grandeur » (Psaume 150, 2). (fin)

mardi 3 février 2015

La louange de Dieu (1)

La louange de Dieu (1)

« Alléluia ! » (Psaume 150, 1). Alléluia ! Les psaumes de louange de Dieu commencent presque tous par cette acclamation joyeuse. Alléluia ! qui retentit continuellement dans les cieux, où elle fait partie du fond commun de la glorification de notre Dieu Tout-Puissant. C’est le cri de joie qui jaillit dans le matin de Pâques dans les cœurs jusque-là oppressés par la mort et les souffrances du Messie Seigneur. C’est l’heure de la décompression qui se traduit par ce cri, bref et dense d’alléluia. Il rejoint les acclamations du peuple lors de l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem. Alléluia ! Et tout de suite après, après que ce mot a claqué dans le vent, commence l’invitation à louer Dieu : « Louez le Seigneur dans son sanctuaire ! » (Psaume 150, 1), « vous qui êtes de service dans la maison du Seigneur, dans les parvis de la maison de notre Dieu. Louez le Seigneur, car il est bon, le Seigneur ; chantez son nom sur la harpe, car il est suave » (Psaume 135, 2-3). (lire la suite) Il est la bonté même, dit-on de certaines gens. C’est le cas de Dieu. Il est la Bonté en personne. « Célébrez le Seigneur, car il est bon, car sa bienveillance est éternelle » (Psaume 106, 1). Le psalmiste ne cesse de rappeler cette vérité consolante, qui est comme une doigtée de miel fondant dans notre bouche chaque fois que nous la répétons « Louez le Seigneur, car il est bon, car sa miséricorde dure à jamais » (1 Chronique 16, 34). Imprégnons-nous de cette grande réalité. Dieu seul est saint. Dieu seul est bon. Ce qui revient au même. Car le saint est quelqu’un de foncièrement bon, qui aime le bien et fait le bien, à tout le monde, sans discrimination aucune. « Ah ! Seigneur, je suis ton serviteur, oui, ton serviteur, fils de ta servante : tu as détaché mes liens. Je t’offrirai un sacrifice en action de grâces, et j’invoquerai le nom du Seigneur en présence de tout le peuple, dans les parvis de la maison du Seigneur, dans ton enceinte, Jérusalem » (Psaume 116, 16-19). Dans ton sanctuaire, dans cet édifice qui est destiné au culte par sa consécration, qui en a fait un lieu saint, à toi réservé, au culte que nous te devons. Certes, ce culte n’est pas uniquement de louange et d’action de grâce, il est aussi d’expiation, d’adoration et d’impétration. Mais est-ce que, en définitive, tout ne revient pas à cette louange, sous une forme ou sous une autre, tout ne résume pas en la reconnaissance de ta majesté, qui mérite l’adoration, et que nous réparions les offenses qu’elle subit ? Cette toute-puissance qui est à même d’exaucer toutes nos supplications, ce qui entraîne une recrudescence de notre louange, de notre action de grâce. « Maintenant le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et c’est bientôt qu’il va le glorifier » (Jean 13, 31-32). « Moi, je t’ai glorifié sur la terre, en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’avais donné à faire » (Jean 17, 4). « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jean 4, 34). A aucun moment Jésus n’a autant rendu gloire au Père qu’au Calvaire, que lorsqu’il a été hissé sur la Croix, unissant le ciel et la terre, et faisant descendre la grâce d’en haut sur les hommes en manifestant sa puissance divine. Pour nous, c’est la messe, actualisation du Sacrifice de la Croix, qui permet de rendre la louange la meilleure et la plus complète à Dieu. La messe qui est la racine de la vie spirituelle du chrétien, l’aboutissement de toute la liturgie de l’Église, source et sommet de la vie d’union véritable à Dieu. « Quelle est la grande nation qui ait des dieux aussi près d’elle que le Seigneur, notre Dieu, toutes les fois que nous nous tournons vers lui ? Et quelle est la grande nation qui ait des lois et des ordonnances justes, comme toute cette loi que je vous expose aujourd’hui ? » (Deutéronome 4, 7-8). Et quelle est la nation qui a un Dieu présent au milieu d’elle comme l’est notre Dieu dans l’Eucharistie, dans le sacrement de sa présence réelle précisément ? Et quelle est la nation dont le Dieu se donne en nourriture pour fortifier les âmes, qui est gage de vie éternelle ? « Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts ? Tel est le pain qui descend du ciel que celui qui en mange ne mourra pas. C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 49-51). (à suivre…)

Le jeune homme riche (7)

Le jeune homme riche (7)

La vie éternelle ! Le jeune homme voulait l'acquérir. Il s'était enquis à ce sujet : « Bon Maître, que dois-je faire de bien pour acquérir la vie éternelle ? » (Marc 10, 16). Il a reçu la réponse, mais n'a pas été à la hauteur. Pierre, et les onze autres, Judas plus encore, ne sont pas tranquilles. Simon a mis à juste titre en avant le fait qu'ils ont tout abandonné, sur-le-champ, sans barguigner. Et Jésus les rassure encore, en les confirmant dans leur mission : - « En vérité, je vous le dis : Pour vous, qui m'avez suivi, (lire la suite) quand le Fils de l'homme, lors du Renouveau, aura pris place sur son trône glorieux, vous siègerez, vous aussi, sur douze trônes, pour juger les douze tribus d'Israël » (Matthieu 19, 28). « Vous êtes, vous, ceux qui m'êtes demeurés fidèles dans mes épreuves ; et moi, je vais disposer en votre faveur d'une royauté, tout comme mon Père en a disposé en ma faveur, pour que vous buviez et mangiez à ma table dans mon royaume, et que vous siégiez sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël » (Luc 22, 28-30). Prenez espoir. Cette vie ne fait que passer. « Je m'en vais vous préparer une place » (Jean 14, 2). Ne vous attachez pas à l'heure présente. Vous êtes dans le monde, ce monde que vous devez sanctifier tout comme moi je m'attache à le faire, mais vous n'êtes pas du monde, car « nous n'avons pas ici une cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir » (Hébreux 13, 14) et « vous, vous êtes approchés de la montagne de Sion et de la Cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, et du chœur des myriades d'anges » (Hébreux 12, 22). Comprenez-vous cela ? - Eh bien ! mon Père « essuiera les larmes sur tous les visages ; et la honte de son peuple, il l'enlèvera de la terre entière » (Isaïe 25, 8). « Il demeurera parmi eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux ; la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil ni cri de souffrance ni douleur, car ce qui était auparavant a pris fin » (Apocalypse 21, 3-4). Seigneur, demande à ton Père d'exaucer notre prière, « pour que vous nous ameniez à une véritable pénitence » (Litanie des saints) et que nous obtenions ce salut que tu nous a promis et que tu es toi-même ! « Tu offres à tes enfants un temps de grâce pour qu'ils retrouvent la pureté du cœur ; tu veux qu'ils se libèrent de leurs égoïsmes, afin qu'en travaillant à ce monde qui passe, ils s'attachent surtout aux choses qui ne passent pas » (Préface du carême 2). Tâchons de suivre le chemin que Dieu nous trace et sur lequel nous trouvons le Christ avec sa Croix salvatrice. Et la très Sainte Vierge, qui nous regarde aussi avec une énorme affection et prie pour que nous sachions comprendre ce que son Fils nous propose et le mettre en pratique avec joie. Marie n’a rien gardé pour elle. Elle s’est mise tout entière au service de Dieu, dès son enfance. En même temps, elle a su adapter sa vie aux plans de Dieu, montrant ainsi sa parfaite adhésion à la Volonté de Dieu. « Viens et suis-moi ? » C’est notre Mère qui incarne à la perfection la réponse à cette invitation. Viens et suis-moi et tu auras Dieu dans ta vie. Et Dieu entre en effet dans sa vie d’une façon tout à fait inattendue : Marie devient le tabernacle vivant de la présence de Dieu parmi les hommes. Ô Marie, ô notre Mère, faites que je me pose les vraies questions existentielles, que je les formule en toute sincérité dans ma prière à votre Fils. Et obtenez-moi les grâces nécessaires pour m’attacher à lui et à Lui seul. Ma Mère, vous qui êtes la Mère de Dieu, dites-moi ce que je dois dire à notre Jésus, comment je dois le lui dire pour qu’il m’écoute. (fin)

dimanche 1 février 2015

Le jeune homme riche (6)

Le jeune homme riche (6)

« Va, vends tout ce que tu as, donnes-en le produit aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens et suis-moi » (Marc 10, 21). Ce que tu possèdes, ce sont des richesses trompeuses, qui emprisonnent le cœur. Allez ! libère-toi de ce poids que tu traînes. Pour me suivre, il faut être impécunieux. Voilà ce qui en vaut la peine. Car, « quel profit, en effet, a l'homme qui a gagné l'univers, mais qui a été pour lui-même cause de sa perte ou de son détriment ? » (Luc 9, 25). « L'herbe se dessèche, la fleur se flétrit ; mais la Parole de Dieu subsiste à jamais » (Isaïe 40, 8). N'est-ce pas là l'essentiel, la vraie richesse ? Alors Jésus, regardant tout autour de lui, dit à ses disciples : (lire la suite) - « Combien difficilement ceux qui ont des richesses entreront dans le royaume de Dieu » (Marc 10, 23), ceux chez qui « les soucis de ce monde et la séduction des richesses et les convoitises pour tout le reste pénètrent et étouffent la parole, qui devient stérile » (Marc 4, 19). Oui, je le répète, « malheur à vous, les riches, car vous tenez votre consolation ; malheur à vous, qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim » (Luc 6, 24-25). « Pleurez à grands cris sur les malheurs qui vous attendent. Vos richesses sont pourries et vos vêtements sont dévorés par les vers. Votre or et votre argent sont mangés par la rouille ; leur rouille portera témoignage contre vous et dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez thésaurisé pour les derniers jours ! » (Jacques 5, 1-3). Cependant, « c'est maintenant l'heure de vous tirer du sommeil » (Romains 13, 17), de vous réveiller, de vous convertir, de revenir « à moi de tout votre cœur, avec des larmes et des lamentations » (Joël 2, 12). Je suis, « moi, le père des pauvres » (Job 29, 16). Ils ont toute ma sympathie. Ils sont mes préférés. En vérité, en vérité, je vous le dis, « le Seigneur écoute les pauvres » (Psaume 69 (68), 34). Alors, non sans une certaine inquiétude, « Pierre lui dit : - ‘C'est que nous, nous avons tout quitté pour te suivre. Qu'en sera-t-il pour nous ?’ Il leur dit : - ‘En vérité, je vous le dis : Nul n'aura laissé maison, ou femme, ou frères, ou parents, ou enfants à cause du royaume de Dieu, qui ne reçoive bien des fois plus en ce temps-ci et, dans le siècle à venir, la vie éternelle’ » (Luc 18, 28-30), même qui « ne reçoive au centuple dès maintenant, en ce temps-ci, maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et dans le siècle à venir la vie éternelle » (Marc 10, 30). Des persécutions... C'est dit en passant, mélangé aux récompenses promises. Ont-ils compris l'enjeu ? (à suivre…)