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samedi 31 décembre 2011

La lumière de Bethléem


La lumière de Bethléem

Une grande lumière est venue dans le monde (Isaïe 9, 1), venant de l’Orient. Elle s’est allumée pour nous et brille à nos yeux. Elle est couchée dans la mangeoire à Bethléem : « Tant que je suis dans le monde, je suis la Lumière du monde » (Jean 9, 5).
Et Jésus d’insister : « Je suis la Lumière du monde. Celui qui me suivra ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8, 12), car la vie de la grâce est une lumière puissante qui éclaire toute la vie et oriente vers le Père. (lire la suite)
Il faut saisir la loi, la Loi nouvelle que Jésus est venu instaurer, qui est la Loi de l’Amour, et marcher « à la clarté de sa lumière » (Baruch 4, 2).
Seigneur, maintenant que tu es parmi nous, « les nations marchent à ta lumière, et les rois à l’éclat de ta splendeur » (Isaïe 60, 3). Du moins, est-ce ce que tu nous as promis. Et il y a encore du chemin à parcourir pour que ce soit la réalité. Mais cela viendra.
Ce n’est pas parce que tu es remonté auprès de ton Père, qui est aussi notre Père, que tu as cessé pour autant d’être une Lumière pour nous. « Tant que je suis dans le monde » (Jean 9, 5), as-tu précisé. Mais n’as-tu pas affirmé par ailleurs : « Voici que je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20) ? Tu y restes. Tu es bien présent au milieu de ton peuple. L’eucharistie est la Lumière qui irradie la société des hommes. Elle est une clarté qui inonde notre cœur. Elle prend sa source dans la grotte de Bethléem. Et cette source ne se tarira jamais.
Cette lumière que nous avons accueillie nous transforme à notretour en lumière pour le monde : « Soyez comme des sources de lumière dans le monde, une force vitale pour les autres hommes. Comme des lumières parfaites secondant la grande Lumière, soyez initiés à la vie de lumière qui est au ciel ; soyez illuminés avec plus de clarté et d'éclat par la sainte Trinité, dont vous avez reçu maintenant, d'une façon restreinte, un seul rayon, venant de l'unique divinité, en Jésus Christ notre Seigneur, à qui appartiennent la gloire et la puissance pour les siècles des siècles. Amen » (saint Grégoire de Nazianze, Sermon pour la fête des lumières).

vendredi 30 décembre 2011

Noël (6)


Noël (6)

Ici, à Bethléem, il s’agit de contempler cette Parole, le Verbe fait chair, Enfant, qui nous tend les bras, parce qu’il nous aime. Nous faisons notre prière avec Marie et Joseph, avec la Théotokos, la « Mère de Dieu », et avec celui qui lui sert de père sur terre, qui, aux yeux des hommes, fait office de père nourricier. Ainsi, nous sommes bien unis à la Sainte Famille, en compagnie de la « trinité de la terre » : « Jésus, Marie, Joseph, je veux être toujours avec vous trois », disait saint Josémaria. Et nous apprenons de Marie et Joseph à fréquenter notre Seigneur, à parler à Jésus, à nous entretenir avec lui, à lui dire ce qui, selon nous, nous convient et convient aux autres. (lire la suite)
Personne n’a fréquenté de plus près et avec plus d’intimité le Fils de Dieu que Marie et Joseph. Personne ne l’a aimé plus parfaitement, ni mieux connu et compris qu’eux. Unissons notre cœur à celui de Jésus, à ceux de Marie et de Joseph. Nous ne faisons plus qu’un seul cœur, et nous tressons cette fameuse couronne de cœurs qui s’aiment profondément.
Nous contemplons le Verbe de Dieu. Il nous parle dans notre âme, dans notre prière, à partir de notre contemplation du Seigneur Enfant, adolescent, homme, du Seigneur dans les différentes phases de sa vie terrestre et dans les diverses tâches propres à chaque étape de sa vie : au foyer familial, à l’école, dans l’atelier de charpentier, dans les jeux, pendant sa prière communautaire à la synagogue ou lors de ses pèlerinages au Temple… La Parole a une voix et un visage. La Parole n’est pas seulement proclamée, comme pendant cette nuit, et à chaque messe, mais elle s’offre à notre contemplation, à notre méditation. Et Marie est la première à la contempler, avec Joseph aussi. Ils écoutent et ils regardent. Et cette écoute et cette contemplation de la Parole de Dieu fait naître dans leur cœur des désirs accrus de sainteté, de fidélité, des désirs sans cesse renouvelés. Il nous semble entendre saint Paul dire : « Vous avez appris comment vous devez vous conduire pour plaire à Dieu, et c’est ainsi que vous vous conduisez, mais faites encore plus » (1 Thessaloniciens 4, 1).
Qu’il en aille ainsi pour nous. Demandons à l’Enfant Jésus, par l’intermédiaire de Sainte Marie et de saint Joseph, que la fidélité de chacun d’entre nous se traduise par des fruits de sainteté personnelle, par une vie pure et droite, par un apostolat quotidien, l’annonce du Christ Sauveur à ceux que nous côtoyons ou que nous rencontrons, comme les bergers le firent dans cette nuit sainte : ils « s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu pour tout ce qu’ils avaient entendu et vu, selon ce qui leur avait été dit » (Luc 2, 20) ; et par un zèle constant à servir l’Eglise et à être uni au saint-père, le père commun de tous les catholiques.

(fin)

jeudi 29 décembre 2011

Noël (5)


Noël (5)

La Parole de Dieu a un visage, celui de notre Seigneur Jésus-Christ. Dieu nous parle par son Fils, « qui est le rayonnement de sa gloire » (Hébreux 1, 3). Dieu nous parle par son Fils. Et cette Parole est le Fils lui-même. Il est la Parole vivante du Père. Il exprime ce que Dieu pense. Il nous fait connaître ce que Dieu veut nous dire : « Je vous ai appelés amis parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jean 15, 15). Jésus mène la Révélation à son terme. Il nous dit tout ce qu’il a reçu la charge du Père de nous transmettre. Il n’a plus rien d’autre à nous dire. Nous connaissons tout ce qui nous est utile et nécessaire pour avancer à la rencontre de Dieu. (lire la suite)
« En nous donnant son Fils ainsi qu’il l’a fait, lui qui est sa Parole dernière et définitive, Dieu nous a tout dit ensemble et en une fois, et il n’a plus rien à nous dire. Concluez-en que désirer sous la nouvelle Loi visions ou révélations, ce n’est pas seulement faire une sottise, c’est offenser Dieu, puisque par là nos yeux ne sont pas uniquement fixés sur le Christ, sans chercher chose nouvelle. Dieu en effet pourrait répondre : « Je vous ai dit tout ce que j’avais à dire, par la parole qui est mon Fils. Fixez les yeux sur lui seul, car en lui j’ai tout établi, en lui j’ai tout dit, tout révélé, et vous trouverez là bien plus que tout ce que vous désirez et demandez. Depuis le jour où je descendis sur lui, avec mon Esprit, au mont Thabor, en disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis ma complaisance : écoutez-le, j’ai cessé toutes mes anciennes pratiques d’enseignements, de réponses, et je lui ai confié cette mission. C’est pourquoi, si quelqu’un reprend l’ancienne méthode, demandant que je lui parle, que je lui révèle quelque chose, c’est comme s’il demandait de nouveau le Christ, et plus de doctrine de foi que je n’en ai donné. Et c’est manquer de foi dans le Christ, puisque cette foi a été donnée en lui ; c’est même faire injure à mon Fils bien-aimé, puisque ce manque de foi en lui équivaut en quelque sorte à lui demander une seconde incarnation, afin qu’il recommence sa vie et sa mort. Non, il ne faut plus vous adresser à moi par désirs de visions et de révélations : retenez-le bien, tout se trouve déjà réalisé en lui et infiniment plus » (Saint Jean de la Croix, La Montée du Carmel 2, 20).

(à suivre…)

mercredi 28 décembre 2011

Noël (4)


Noël (4)

« Le Seigneur m’a dit : “Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré”. » Par ces paroles du psaume 2, l’Église commence la Messe de la veillée de Noël, dans laquelle nous célébrons la naissance de notre Rédempteur Jésus-Christ, dans l’étable de Bethléem. Autrefois, ce psaume appartenait au rituel du couronnement du roi de Juda. Le peuple d’Israël, en raison de son élection, se sentait de façon particulière fils de Dieu, adopté par Dieu. Comme le roi était la personnification de ce peuple, son intronisation était vécue comme un acte solennel d’adoption de la part de Dieu, dans lequel le roi était, en quelque sorte, introduit dans le mystère même de Dieu. Dans la nuit de Bethléem, ces paroles, qui étaient en fait plutôt l’expression d’une espérance qu’une réalité présente, ont pris un sens nouveau et inattendu. (lire la suite)
L’Enfant dans la crèche est vraiment le Fils de Dieu. Dieu n’est pas solitude éternelle, mais cercle d’amour où il se donne et se redonne dans la réciprocité. Il est Père, Fils et Esprit Saint.
Plus encore : en Jésus Christ, le Fils de Dieu, Dieu lui-même s’est fait homme. C’est à Lui que le Père dit : « Tu es mon fils ». L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l’étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C’est cela Noël : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Dieu est devenu l’un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui. Il a choisi comme signe l’Enfant dans la crèche: Il est ainsi. De cette façon nous apprenons à le connaître » (Benoît XVI, Homélie, 24 décembre 2005).
Cet Enfant que nous contemplons dans la crèche, c’est le Verbe de Dieu fait homme. C’est la Parole de Dieu faite chair. Alors que « bien des fois et de bien des manières, Dieu avait parlé jadis à nos pères par les prophètes. En ces temps qui sont les derniers, il nous a parlé par le Fils » (Hébreux 1, 1-2). Si bien qu’elle n’a pas seulement une voix, mais aussi un visage. Désormais « la Parole n’est pas seulement audible, elle ne possède pas seulement une voix, maintenant la Parole a un visage, qu’en conséquence nous pouvons voir : Jésus de Nazareth » (Benoît XVI, exhort. ap. Verbum Domini, n° 12).

(à suivre…)

mardi 27 décembre 2011

Noël (3)


Noël (3)

« En façonnant l’homme, le Seigneur avait mis en lui, outre une connaissance générale de l’univers, le désir de Dieu. Dès que le démon découvrit cet ardent désir, il dit à l’homme : « Vous deviendrez comme des dieux (Genèse 3, 5). Maintenant vous n’êtes que des hommes et vous ne pouvez être toujours avec Dieu ; mais si vous devenez comme des dieux, vous serez toujours avec lui. » (…) Adam avait désiré devenir Dieu ; il avait désiré une chose impossible. Le Christ a comblé ce désir. « Tu as voulu devenir, dit-il, ce que tu ne pouvais être ; mais moi, je désire devenir homme, et je le puis. Dieu fait tout le contraire de ce que tu as fait en te laissant séduire. (lire la suite) Tu as désiré ce qui était au-dessus de toi ; je prends, moi, ce qui est-dessous de moi. Tu as désiré être l’égal de Dieu ; je veux, moi, devenir l’égal de l’homme. (…) Tu as désiré devenir Dieu : ce n’est pas pour cela que je me suis irrité, car je veux que tu désires être l’égal de Dieu. Ce qui m’a irrité, c’est que tu aies voulu t’emparer de cette dignité en dehors des desseins de ton Seigneur. Tu as désiré devenir Dieu et tu ne l’as pu. Moi, je me fais homme, pour rendre possible ce qui t’était impossible » (Sévérien de Gabala, Sixième homélie sur la création du monde 5-5).
Remercions le Seigneur pour tant de bonté. Remercions-le parce qu’il vient à Noël uniquement pour nous, par pur Amour, pour nous tirer du pétrin dans lequel nos premiers parents nous avaient mis et dont nous ne pouvions sortir par nous-mêmes, sacré pétrin ! Il n’y a que lui, le Fils de Dieu, Dieu lui-même, à posséder ce pouvoir, la toute-puissance pour le faire. Et il l’a fait ! Parce qu’il nous aime. Parce qu’il a un faible pour la créature humaine, qu’il n’a pas eu pour les anges.
Noël est le don que le Père fait de son Fils à l’humanité pécheresse, qui ne méritait pas qu’il s’intéresse à elle. Pourtant, c’est bien le cas, parce qu’il nous aime, encore une fois, et qu’il veut notre bien, un bien que nous ne pouvons pas trouver en dehors de lui. Noël nous parle de notre filiation divine, de la relation particulière qui relie chacun de nous à Dieu le Père, et qui est constitutive de notre vie surnaturelle, de notre vie dans la foi.

(à suivre…)

lundi 26 décembre 2011

Noël (2)


Noël (2)

C’est un jour de joie immense, que Noël. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière, et sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi. Tu as accru le peuple, accordé une grande joie ; on se réjouit devant toi comme on se réjouit à la moisson » (Isaïe 9, 1-2). Les anges chantent cette joie dans la nuit de Noël : « Je vous apporte une bonne nouvelle qui réjouira grandement tout le peuple » (Luc 2, 11). L’espérance du salut en sort renforcée : « Vous tous pour qui ce Noël est le signe de l’espérance, je vous invite à cette union spirituelle ! Entourons d’une large, très large couronne de cœurs le lieu où Dieu s’est fait homme. Formons une couronne autour de la Vierge qui a donné la vie humaine dans la nuit de la naissance de Dieu ! Entourons la Sainte Famille ! » (Jean-Paul II, Message de Noël, 25 décembre 1980). (lire la suite) Pour cela, faisons toutes choses avec le Seigneur : prions avec lui, travaillons avec lui, soyons en famille avec lui, chantons avec lui, reposons-nous avec lui et en lui. C’est comme cela que nous tressons cette couronne de cœurs à l’unisson et en harmonie avec notre Dieu et avec la Sainte Famille.
Les anges glorifient Dieu qui a fait des merveilles au sein de cette Sainte Famille en faveur des hommes. C’est un jour de joie, certes, car « il vous est né un Sauveur » (Luc 2, 11), le Sauveur attendu par toutes les générations, par tous les ancêtres du Seigneur. Jour de joie, car notre salut est en marche. Il commence aujourd’hui à se réaliser.
Mais aussi jour aigre-doux précisément pour cela. Car ce Salut passe par la Croix. Jésus vient pour cela, pour s’offrir en Sacrifice réparateur sur le Calvaire. Il le sait, en tant que Fils de Dieu. La Croix se dresse donc à l’horizon de Bethléem. Elle est présente, non seulement parce que les membres du clan de David ont fermé leurs portes à Joseph et à Jésus, les ont repoussés, ne les ont pas accueillis et qu’il a fallu échoir dans une grotte… La Croix est présente surtout parce qu’elle est le motif de l’Incarnation : Jésus naît pour souffrir et « donner sa vie en rançon pour la multitude » (Matthieu 20, 28). « Il s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de s’acquérir en le purifiant un peuple tout appliqué aux bonnes œuvres » (Tite 2, 14).

(à suivre…)

dimanche 25 décembre 2011

Noël (1)


Noël (1)

Tels les bergers, mais avant eux, car nous avons été prévenus plus tôt, nous nous présentons dans l’étable. Nous venons, nous aussi, adorer le Sauveur qui nous est donné, et nous le trouvons « emmailloté et couché dans une crèche » (Luc 2, 12). Nous entrons. Il n’y a pas de porte. Saint Joseph nous accueille. Il n’est pas nécessaire de dire pourquoi nous sommes venus. Il a aussitôt compris. Cela ne semble pas l’étonner. Il est vrai qu’il a d’autres sources d’étonnement… Il nous conduit auprès de Marie et de l’Enfant.
Et nous tombons à genoux. A vrai dire, nous n’avons rien à lui donner qui puisse être utile, ni or, ni encens, ni myrrhe… (lire la suite) Nous avons notre vie tout entière à lui donner. Nous la lui offrons de nouveau, comme nous sommes habitués à le faire fréquemment. Mais là, aux pieds de l’Enfant, couché dans la crèche, nous le faisons avec plus de force, plus intensément, avec peut-être plus de sincérité…
Il s’agit de répondre au don de Dieu par notre propre don. Car Noël est le plus grand don que Dieu ai fait jusque-là aux hommes. Un don supérieur au don de la vie, car c’est l’ouverture sur la Vie surnaturelle, vie de grâce. Allons vers l’Enfant, comme les bergers, avec ce que nous sommes. Nous n’avons pas de brebis, de lait ou de fromage, car nous n’avons rien, comme le Seigneur dans la grotte. Mais ce que Dieu attend, c’est le don de nous-mêmes, c’est que nous lui fassions l’offrande de notre cœur, d’un cœur débordant d’amour et de reconnaissance.
« Voici que les hommes simples vivant du travail de leurs mains ne se présentent pas les mains vides devant le nouveau-né, ils ne se présentent pas le cœur vide. Ils apportent des dons. Ils répondent par leur don au Don de Dieu. (…) Cette nuit l’humanité entière a reçu le Don le plus grand ! Cette nuit, chaque homme reçoit le Don le plus grand ! Dieu lui-même devient Don pour l’homme. Il fait le Don de lui-même pour la nature humaine. Il entre dans l’histoire de l’homme, non plus seulement par la parole qu’il fait parvenir à l’homme, mais par le Verbe qui s’est fait chair ! Je vous demande à tous : avez-vous conscience de ce Don ? Êtes-vous prêtes à répondre par votre don à ce Don de Dieu, comme ces bergers de Bethléem qui, eux, ont su répondre… ? Et je vous souhaite, du fond de cette nouvelle nuit de Bethléem (…) d’accepter le Don de Dieu qui s’est fait homme. Je vous souhaite de répondre à ce Don de Dieu par votre propre don ! » (Jean-Paul II, Homélie de la messe de Minuit, 24 décembre 1980).

(à suivre…)

samedi 24 décembre 2011

Dans la grotte de Bethléem (3)


Dans la grotte de Bethléem (3)

La fulgurance de la Nativité ne dure qu’un temps, qui a semblé une éternité à Marie et à Joseph. Mais cette lumière ne s’effacera pas de leur mémoire et de leur cœur. D’autant moins que Jésus est « la Lumière vraie qui éclaire tout homme » (Jean 1, 9). Cette lumière, elle reste là sous leurs yeux, en permanence. Elle leur montre le chemin de l’accomplissement de la volonté du Père dans les moindres choses de la vie ordinaire et la façon précisément de tout vivre pour la gloire de Dieu. « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, ou quelque autre chose que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10, 31). (lire la suite)
Les anges sont repartis comme ils étaient arrivés. Du moins est-ce l’impression qu’ils donnent. Il n’est plus nécessaire qu’ils se fassent voir et entendre. Mais ils continuent de remplir l’espace. Il ne saurait en aller autrement. Ne sont-ils pas des myriades et des myriades, des myriades de myriades (Apocalypse 11, 5) ?
Et là où est Dieu, ils s’y trouvent nécessairement. Or, Dieu est omniprésent, il est présent en tout point de l’univers. Les anges y sont donc aussi, partout, partout !
« Mon ange marchera devant toi » (Exode 32, 33). C’est Dieu qui se le disait à lui-même. C’est le Père qui parlait à l’adresse des on Fils, pour le jour où lui et l’Esprit Saint l’enverraient sur la terre. L’ange tutélaire. Cet ange qui viendra réconforter Jésus dans son agonie (Luc 22, 43).

(fin)

vendredi 23 décembre 2011

Dans la grotte de Bethléem (2)


Dans la grotte de Bethléem (2)

Il est parmi eux des anges musiciens, spécialisés dans toutes sortes d’instruments à cordes et de cuivre. Mais la majorité sont des choristes. Ils ne chantent pas à quatre voix. Ce serait vraiment trop vulgaire, trop quelconque. Bien malin celui qui arriverait à identifier le nombre de voix par lesquelles ils s’expriment. Quoi qu’il en soit, le résultat dépasse tout ce que nous pouvons imaginer. Marie et Joseph sont ravis au septième ciel, comme l’on dit, et ce, d’autant plus aisément que le ciel est venu à eux en la personne de Jésus.
Il y a fort à parier que l’ambiance festive exceptionnelle de cette nuit de Noël, (lire la suite) que l’harmonie de ces cantiques accompagne habilement, a toujours retenti aux oreilles du saint patriarche et de la Mère de Dieu, et ont plus encore réchauffé continuellement leur cœur, spécialement dans les moments d’affliction.
Les circonstances de l’accouchement pouvaient en constituer un, du point de vue strictement humain. Mais il a vite dérivé vers un moment faste, le plus solennel de toute l’histoire de l’humanité, en dépit de l’absence de toutes les solennités extérieures dont les hommes ont coutume d’entourer les événements les plus insignes de leur existence.
Marie et Joseph n’échangeraient pour rien au monde ces moments privilégiés qu’ils vivent. Ils rendent grâce à Dieu qu’ils se déroulent comme cela, dans l’intimité la plus stricte, sans être donnés en spectacle devant les hommes. Ils sont entre eux et avec Dieu. Dieu qui est dans les cieux et dans l’étable. Dieu qu’ils abritent dans leur cœur et Dieu que Marie serre contre son sein. Dieu que les hommes méconnaissent et que les anges reconnaissent avec tant de grâce et d’éclat.

(à suivre…)

jeudi 22 décembre 2011

Dans la grotte de Bethléem (1


Dans la grotte de Bethléem (1

La tradition fait naître Jésus en pleine nuit, une nuit d’hiver, froide, qu’éclaire la lune. Au moment où l’enfant fait son entrée dans le monde, un ange apparaît à des bergers qui gardaient leurs troupeaux non loin de là. Il est enveloppé d’une lumière éblouissante, propre aux théophanies.
Cette même lumière, plus éclatante encore, a envahi la grotte de Bethléem, dont la pauvreté s’est trouvée transformée en un véritable palace. C’était plus beau que tous les ors et les lambris du monde. La grotte était toute éclairée, ruisselante de lumière céleste. Du coup, Marie et Joseph ne regrettent plus d’avoir dû se replier sur cette solution de fortune (lire la suite)) pour s’abriter pendant cette nuit. Ils oublient leur peine, le rejet par les membres de leur clan. L’étable s’est transformée en palais.
Les hommes de la lignée de David, à laquelle Joseph appartient et, selon certains, Marie aussi, ont refusé d’accueillir le jeune coupe, qui s’est retrouvé seul pour fêter la venue du Sauveur. En réalité, ils ne sont pas seuls. La grotte de la Nativité est envahie d’anges, d’archanges, de principautés célestes. Des myriades d’anges assistent à la naissance du Fils de Dieu et se pressent autour de la mangeoire dans laquelle sa Mère l’a déposé. Ils sont là, mandatés par Dieu, pour être présents à ce spectacle grandiose d’un Dieu fait homme.
Ils ont chanté « gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre à ceux qu’il aime » (Luc 2, 14) pour les bergers. Que n’ont-ils pas chanté pour Jésus, et pour Marie et Joseph ? Ces instants unique sont dû être particulièrement sublimes. Et ils se sont gravés à tout jamais dans le cœur de Marie et de Joseph.
Les anges s’en donnent à cœur joie, s’il est permis de s’exprimer ainsi à propos de créatures célestes. Ils n’ont pas besoin de répéter leur concert. Car ils sont habitués à jouer en permanence pour manifester leur jubilation et la gloire de Dieu. Si cette gloire a disparu sous l’humanité du Christ, elle lui reste sous-jacente dans sa divinité. Et eux, ils ne sont pas abusés par des sens qu’ils ne possèdent pas. Cet Enfant, auquel Joseph est appelé à donner le nom d’Emmanuel, ce qui signifie « Dieu avec nous » (Matthieu 1, 23), ils avaient bien vu qu’il est effectivement Dieu. Ils ne l’ont jamais perdu de vue.

(à suivre…)

mardi 20 décembre 2011

La très sainte Humanité du Seigneur (2)


La très sainte Humanité du Seigneur (2)

Jésus est l’homme saint par excellence, et donc notre modèle absolu. En le contemplant, nous faisons monter vers lui un cri silencieux d’adoration et de reconnaissance, mais aussi nécessairement de réparation. Car si le Fils de Dieu s’est fait homme, c’est pour aller grimper sur la Croix et ainsi nous libérer de nos péchés. Cela ne peut pas nous laisser indifférents. La très sainte Humanité du Christ devrait focaliser notre attention, captiver notre regard pour essayer d’imiter notre Seigneur.
Car la vie chrétienne consiste à ressembler à Jésus, (lire la suite) à chercher à nous identifier à lui, à être un autre Christ, c’est-à-dire quelqu’un qui a « les mêmes sentiments d’après le Christ Jésus » (Romains 15, 5) et qui est prêt à donner sa vie pour les autres. « Mais pour être ipse Christus il faut se regarder en lui. Il ne suffit pas d’avoir une idée générale de l’esprit qui était celui de Jésus ; encore faut-il apprendre de lui des manières et des attitudes. Et surtout, il faut contempler sa vie, son passage sur la terre, ses traces, pour en tirer force, lumière, sérénité, paix » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 107). Contempler est le maître-mot. Nous ne pouvons pas regarder le Christ avec curiosité. Il nous faut l’enthousiasme de cette femme : « Heureux le sein qui t’a porté et la poitrine qui t’a allaité ! » (Luc 11, 27). Il nous faut nous mettre à l’écoute du Seigneur, avec un intérêt soutenu, comme Marie, la sœur de Lazare, « qui s’était assise aux pieds du Seigneur et l’écoutait parler » (Luc 10, 38).
Il faut écouter Jésus et le contempler. Il est Dieu et homme à la fois. Et « chacun de ces gestes humains est un geste de Dieu. Car en lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité (Colossiens 2, 9). Le Christ est Dieu fait homme, homme parfait, homme complet. Et dans l’ordre humain, Il nous fait connaître la divinité » (saint Josémaria, Ibid., n° 109). Au-delà de l’homme, nous voyons Dieu, Créateur du ciel et de la terre et Sauveur de l’humanité pécheresse. « C’est un exemple que je vous ai donné, pour qu’à votre tour vous fassiez comme je vous ai fait » (Jean 13, 15). « Il faut aller à l'Évangile et examiner l’amour du Christ, si nous voulons mener les autres au Seigneur. Nous devons nous arrêter sur les scènes capitales de la Passion, car, comme il l’a dit lui-même, il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15, 13). Mais nous pouvons considérer également le reste de sa vie, la façon dont il traitait ordinairement ceux qui le rencontraient.
Pour faire parvenir aux humains sa doctrine de salut et leur manifester l’amour de Dieu, le Christ, Dieu parfait et Homme parfait, a procédé d’une manière à la fois humaine et divine. Dieu condescend à devenir homme. Il prend notre nature sans réserves, à ‘exception du péché.
J’éprouve une joie profonde à la pensée que le Christ ait voulu être pleinement homme et ait voulu revêtir notre chair. Je suis ému en voyant cette merveille : un Dieu qui aime avec le cœur d’un homme » (saint Josémaria, Ibid., n° 107).

(fin)

lundi 19 décembre 2011

La très sainte Humanité du Seigneur (1)


La très sainte Humanité du Seigneur (1)

Les paroles de Jésus soulèvent l’enthousiasme des foules, du moins des gens simples. « Jamais homme n'a parlé comme cet homme » (Jean 7, 46). « Ils étaient stupéfaits de son enseignement, car il les enseignait comme ayant autorité, et non comme les scribes » (Marc 1, 23). « Et les foules, en entendant cela, étaient remplies d'admiration pour son enseignement » (Matthieu 22, 33). Les commentaires vont bon train. Les gens écoutent volontiers le Seigneur qui leur trace un programme de vie simple, à leur portée, qui ne fait pas comme les pharisiens qui « lient des fardeaux pesants et difficiles à porter, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais eux, ils ne veulent pas les remuer du doigt » (Matthieu 23, 4). (lire la suite)
De temps à autre quelqu’un ne peut retenir son admiration et exprime ses sentiments à haute voix, comme cette femme du peuple qui, un jour, lance ce compliment : « Heureux le sein qui t’a porté et la poitrine qui t’a allaité ! » (Luc 11, 27). Elle se disait que la mère du rabbi avait bien de la chance d’avoir un tel fils, si intelligent et si charmant, si aimable et si proche des besoins de tous. Mais Jésus répondit : « Heureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l’observent » (Luc 11, 28). « C’était l’éloge de sa Mère, de son fiat (Luc 1, 38) — « que cela se fasse » — sincère, généreux, sans limite, qui se manifeste, non par des actions voyantes, mais par un sacrifice quotidien, silencieux et caché » (saint Josémaria, Quand le Christ passe, n° 172).
C’est un hommage discret rendu, en effet, à la Vierge Marie. C’est aussi la reconnaissance de la très sainte Humanité de Jésus-Christ. Cette femme admire l’homme qu’elle est en train d’écouter avec un vif intérêt. Elle se plait à voir en lui un maître spirituel, le genre de personne à laquelle on est prêt à s’attacher pour la vie. Nous devons nous émerveiller nous aussi de ce que Jésus soit Dieu parfait et homme parfait. C’est un homme assurément, mais pas un homme quelconque. C’est le seul homme que nous puissions adorer, car il est Dieu véritablement. Il est l’homme exemplaire, celui en qui il n’y a ni défaut ni imperfection.

(à suivre…)

dimanche 18 décembre 2011

Poèmes mystiques

Poèmes mystiques

Un "beau livre" et un beau cadeau pour Noël

Ce recueil de poèmes de Dominique Le Tourneau s’ouvre sur un « Dialogue d’amour », qui nous plonge d’emblée dans l’union intime et personnelle avec Dieu. Y font suite un poème sur la Vierge Marie, qui s’adresse avec confiance à notre Mère du ciel, et un texte intitulé « Amende honorable », par lequel l’âme se repent de ses fautes. Il s’achève sur des « Paradoxes » de la vie spirituelle.
Le souffle qui traverse ces vers est bien fait pour susciter chez le lecteur des élans du cœur et l’amener à nouer son propre « dialogue d’Amour » avec Dieu.

Edité par TerraMare,
et vendu au prix de 15 euros.

vendredi 16 décembre 2011

L’incrédulité face à la Résurrection (6)


L’incrédulité face à la Résurrection (6)

Il faudra encore que Jésus vainque la résistance du récalcitrant, du grand absent du soir de Pâques, Thomas, appelé Didyme. Une semaine s’est écoulée, et la nouvelle de la Résurrection du Christ a dû commencer à circuler dans la ville. Que les apôtres, la mort ignominieuse et si douloureuse de leur Maître sur une Croix quelques heures plus tôt peut quand même se comprendre plus ou moins. Désormais, ils ne disposent plus du seul témoignage des femmes, dont on sait qu’à l’époque elles n’étaient pas qualifiées pour témoigner. Ils ont vu eux-mêmes le Christ ressuscité, tous les dix. Eh bien ! cela ne suffit pas pour convaincre Thomas. Il est plus que têtu, il n’a pas l’humilité de reconnaître qu’il peut se tromper : seul contre tous les autres, unanimes ! Il faut donc que Jésus revienne et l’admoneste gentiment : « Ne sois plus incrédule, mais croyant » (Jean 20, 27). (lire la suite)
Ils recevront encore l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte. Et, à partir de ce jour-là, ils ne cesseront de proclamer : « C’est ce Jésus que Dieu a ressuscité : nous en sommes témoins » (Actes 2, 32). « Nous, nous prêchons un Christ mis en Croix, scandale pour les Juifs, folie pour les païens » (1 Corinthiens 1, 23), qui est vivant, désormais assis à la droite de Dieu (Colossiens 3, 1), où il intercède pour nous.

(fin)

jeudi 15 décembre 2011

L’incrédulité face à la Résurrection (5)


L’incrédulité face à la Résurrection (5)

Alors, « il prit avec lui les Douze, à part, et il leur dit en chemin : « Voici que nous montons à Jérusalem. Le Fils de l’homme sera livré aux grands prêtres et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens pour être bafoué, flagellé et crucifié » (Matthieu 20, 17-18). Jésus apporte des précisions très détaillées par rapport aux prédictions antérieures. Ses apôtres sont-ils à même de se rappeler les prophéties du « Serviteur souffrant » d’Isaïe ? Jésus-Christ ajoute une note d’espérance : « Mais le troisième jour il ressuscitera » (Matthieu 20, 19). Mais eux (lire la suite) « ne saisirent rien de tout cela ; c’était pour eux des paroles au sens caché, et ils ne comprenaient pas ce qui leur était dit » (Luc 18, 34). C’est quand même étrange. L’annonce ne porte pas sur un fait banal, secondaire, accessoire. Et puis c’est la troisième fois que Jésus leur délivre ce message, avec de plus en plus de détails, sans compter celles où il l’a laissée entrevoir d’une manière implicite.
Pierre a essayé de dissuader le Seigneur. Les apôtres ont été attristés en l’écoutant. Ils étaient apeurés. Et malgré cela, ils semblent ne pas pénétrer le sens profond de ce que le Maîtres leur dit. Peut-être sont-ils encore empêtrés dans des raisonnements trop humains, comme au soir du Jeudi Saint, où l’annonce de la trahison de l’un d’entre eux ne les a troublés qu’un bref instant, pour se remettre à disputer entre eux : « Qui, parmi eux, passait pour être le plus grand » (Luc 22, 24).
Ils ont été prévenus. Ces prédictions ne les ont pas laissés insensibles. Et pourtant, au matin de Pâques, lorsque les saintes femmes viennent annoncer aux apôtres que Jésus est ressuscité, qu’il les a chargées de leur transmettre cette bonne nouvelle (cf. Matthieu 16, 17), qu’il est apparu à Marie-Madeleine (cf. Jean 20, 11-17), toutes « ces paroles leur parurent être pure divagation, et ils ne les crurent pas » (Luc 24, 11). Ils ne croient pas ce qu’ils estiment être des racontars de bonnes femmes. Ils sont frappés d’amnésie, tellement leur douleur est grande.
Il va falloir que notre Seigneur se manifeste en personne à ses disciples. « Il se montra, sous une autre apparence, à deux d’entre eux qui étaient en route, se rendant à la campagne » (Marc 16, 12). C’est dit très pudiquement, avec une énorme délicatesse, car, en réalité, ces deux disciples d’Emmaüs désertaient, abandonnaient la partie. « En dernier lieu, il se montra aux onze autres, alors qu’ils étaient à table – en réalité, ils n’étaient que dix, car « Thomas n’était pas avec eux » (Jean 20, 24) – et il leur reprocha leur incrédulité et leur entêtement, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu après sa résurrection d’entre les morts » (Marc 16, 14). Ils ont dû se sentir passablement mortifiés. A ce moment-là, ils se rendent à l’évidence, même s’il « y en eut qui hésitèrent » (Mathieu 28, 17) encore un certain temps.

(à suivre…)

mercredi 14 décembre 2011

L’incrédulité face à la Résurrection (4)


L’incrédulité face à la Résurrection (4)

(Entre-temps d’ailleurs, Jésus s’était exprimé dans le même sens au moment où il se transfigurait sur le mont Thabor. Il s’y était entretenu avec Moïse et Elie « de la mort qu’il allait connaître à Jérusalem » (Luc 9, 31). Et cela, Pierre se l’est rappelé. D’autant plus qu’en redescendant de « la montagne, Jésus leur fit cette défense : Ne parlez jamais de cette vision, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts » (Matthieu 17, 9). Il y a donc bien insistance sur le sujet de la part du Seigneur. Il est difficile pour nous d’imaginer que ce soit tombé dans l’oreille d’un sourd.
Mais il y a plus. (lire la suite) Cette fois-ci, ce n’est plus le petit groupe des trois élus, mais « les disciples (qui) lui demandèrent : « Pourquoi les scribes disent-ils qu’Elie doit venir d’abord ? » Il leur répondit : « Elie vient et va tout restaurer. Toutefois, je vous le dis, Elie est déjà venu, et ils ne l’ont pas reconnu ; ils ont fait de lui ce qui leur a plu. » Et notre Seigneur ajoute quelque chose qui devrait leur mettre la puce à l’oreille : « Et le Fils de l’homme sera traité par eux de la même façon » (Matthieu 17, 10-12). Et saint Matthieu de souligner, il est bien placé pour le savoir, que « ses disciples comprirent qu’il leur avait parlé de Jean le Baptiste » (Matthieu 17, 1 3). L’annonce de sa mort violente est donc claire.
Jésus a annoncé explicitement sa Passion aux douze pour enfoncer le clou. « Mais ils ne comprirent pas cette parole » (Marc 9, 32), « car elle était voilée à leurs yeux pour qu’ils n’en puissent saisir le sens » (Luc 9, 45), précise saint Luc, qui rapporte cela par ouï-dire. Ce qui est quand même surprenant, au moins de la part de Pierre, Jacques et Jean, les témoins de la Transfiguration. Saint Marc, qui n’est pas non plus un témoin direct de la scène, ajoute qu’ils « craignaient de l’interroger » (Marc 9, 32), ce que saint Luc confirme en indiquant qu’ils n’osent pas le faire « sur cette parole-là » (Luc 9, 45).
Face au mutisme de ses apôtres, Jésus n’en reste pas là. « Ils étaient en chemin, montant à Jérusalem, et Jésus marchait devant eux. Ils étaient dans la stupéfaction ; quant à ceux qui suivaient, ils avaient peur » (Marc 10, 32). Pourquoi donc avoir peur, si ce n’est qu’ils ont quand même pris au sérieux les avertissements du Seigneur, et qu’ils sont conscients du danger qu’il court ?
D’ailleurs, quand notre Seigneur se rend à Béthanie, alors que son ami Lazare « dort » - nous sommes à la même époque – « ses disciples dirent : « Rabbi, c’est hier que les Juifs cherchaient à te lapider, et tu vas y retourner ? » (Jean 11, 8).

(à suivre…)

mardi 13 décembre 2011

L’incrédulité face à la Résurrection (3)


L’incrédulité face à la Résurrection (3)

Alors, « Jésus se retourna vers Pierre et lui dit : « Arrière de moi, satan ! » (Matthieu 16, 22). C’est fort. C’est même très fort. Le pauvre Pierre en a dû être estomaqué. C’est tout juste s’il n’en tombe pas malade. S’il y a bien une chose à laquelle il ne s’attendait pas, c’est de se faire traiter de satan, et en plus par le Seigneur, pour qui il a tout quitté, laissant ses filets en plan (cf. Matthieu 18, 20) et le suivant « aussitôt » (Marc 1, 18), c’est-à-dire vraiment sur-le-champ. L’admonestation est raide. Pierre encaisse le coup.
Le Seigneur dit cela « en voyant ses disciples » (Marc 8, 33). Il ne peut pas laisser passer les remontrances de Simon sans intervenir, car il ne veut pas que ses disciples soient dans l’erreur. (lire la suite)
« Tu es pour moi un risque de chute » (Matthieu 16, 22). Comme lorsque satan en personne l’avait tenté (cf. Matthieu 4, 5-10). Ce n’est pas rien. « Il est écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu » (Deutéronome 6, 16).
Notre Seigneur ajoute, pour bien se faire comprendre : « Tes sentiments ne sont pas ceux de Dieu, mais ceux d’un homme » (Marc 8, 33). C’est bien là le problème. Or, nous devons « avoir les uns envers les autres les mêmes sentiments selon Jésus-Christ » (Romains 15, 5), « les mêmes sentiments dont était animé le Christ Jésus» (Philippiens 2, 5). « Ceux qui sont de la chair ont des aspirations d’ordre charnel ;ceux qui vivent selon l’esprit, en ont d’ordre spirituel. C’est que la chair aspire à la mort ; l’esprit, au contraire, aspire à la vie et à la paix » (Romains8, 5-6). De fait, « par ses désirs la chair va contre l’esprit ; par les siens, l’esprit va contre la chair » (Galates 5, 17). Cela, Pierre doit encore l’apprendre. « L’homme naturel, lui, ne perçoit pas ce qui vient de l’esprit de Dieu : c’est en effet folie pour lui » (1 Corinthiens 2, 14), folie et scandale.
Mais le scandale est partagé. Pierre est cause de scandale, c’est-à-dire de chute pour Jésus.
En tout cas, la réprimande a été particulièrement sévère. Et nous avons du mal à comprendre que Pierre ait pu oublier cet épisode et ce qui l’a motivé : l’annonce de la Passion et de la mort de Jésus-Christ. Cette prophétie n’est pas passée inaperçue, vu la façon dont il a morigéné le Seigneur.
C’est d’autant moins compréhensible que l’affaire n’en est pas restée là. Quelques jours plus tard, en effet, « alors qu’ils parcouraient ensemble la Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme est à la veille d’être livré aux mains des hommes. On le mettra à mort, et le troisième jour il ressuscitera » (Matthieu 17, 22-23). Cette fois, Pierre se garde bien de dire quoi que ce soit ouvertement. Mais l’évangéliste note que tous « furent grandement attristés » (Matthieu 17, 23). Ils ont bien entendu les paroles du Maître. Ils en ont pris conscience.

(à suivre…)

lundi 12 décembre 2011

L’incrédulité face à la Résurrection (2)


L’incrédulité face à la Résurrection (2)

Au matin de Pâques, « les femmes se ressouvinrent des paroles dites par lui » (Luc 24, 8). Elles se les rappellent maintenant, avec la lumière de l’Esprit Saint, et elles croient. Elles comprennent en un instant que tout s’est réalisé comme Jésus l’avait annoncé. Et elles allèrent rapporter aux apôtres ce qui leur avait été dit de la part du Seigneur. « Mais ces paroles leur parurent être pure divagation et ils ne les crurent pas » (Luc 24, 11).
Pourtant Jésus n’avait pas pris les apôtres au dépourvu. Il avait pris soin de les préparer psychologiquement. Après la confession de foi de Pierre à Césarée de Philippe (lire la suite) (cf. Matthieu 16, 16) et le don de la primauté fait à Pierre (cf. Matthieu 16, 18-19), « Jésus commença à exposer à ses disciples qu’il devait se rendre à Jérusalem, beaucoup souffrir de la part des Anciens, des grands prêtres et des scribes, être mis à mort et ressusciter le troisième jour » (Matthieu 16, 21). « Et c’est ouvertement qu’il tenait ce langage » (Marc 8, 32).
Les apôtres ont bien entendu, et son choqués, voire scandalisés. Simon-Pierre réagit vigoureusement, avec fougue, sans trop réfléchir, se laissant comme toujours guider par son affection pour le Maître, mais n’arrivant pas à s’élever au-dessus des réalités contingentes. Pierre a écouté avec stupeur ces propos de Jésus. Alors, « le tirant à part, (il) se mit à lui faire de fortes remontrances » (Marc 8, 32). D’où lui vient cette assurance ? Qui est-il pour rectifier les plans de Dieu ? Sa primauté est toute récente, mais il ne doit pas l’exercer contre Dieu… Elle n’est pas faite pour commander, mais pour servir. Jésus n’a-t-il pas dit : « Au milieu de vous, je suis comme celui qui sert » (Luc 22, 27) ?
Pierre n’a pas reçu la primauté pour l’exercer à son profit ou pour dicter à Jésus ce qu’il doit faire et comment il doit le faire. Et puis, tant que le Maître est là, c’est à lui de prendre toutes les initiatives qu’il estime indispensables pour accomplir sa mission. C’est lui le fondateur et l’unique fondateur de l’Eglise. Les apôtres n’en seront que les piliers et Pierre ne la gouvernera que comme ministre du Seigneur, son représentant visible sur terre.
Nul doute que Pierre soit bien intentionné. Le problème est qu’il raisonne, comme nous, de façon très humaine, sans doute par souci du bien apparent de Jésus. Mais il n’arrive pas à entrer dans la logique divine. Autant la révélation que Jésus-Christ est « l’Oint, le Fils du Dieu vivant » lui est venue « non pas de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 16, 16-17), autant ici c’est « la chair » qui réagit. Mais commence la revient à se mettre inconsciemment en travers du chemin de Jésus-Christ, celui-ci le reprend vigoureusement. Il peut utiliser cette force dans la réprimande, parce que Pierre a les épaules solides et qu’il connaît son humilité et sa bonne volonté. Mais il faut encore sculpter le bois brut pour qu’il en sorte le futur pape.

(à suivre…)

dimanche 11 décembre 2011

L’incrédulité face à la Résurrection (6)

L’incrédulité face à la Résurrection (6)

Il faudra encore que Jésus vainque la résistance du récalcitrant, du grand absent du soir de Pâques, Thomas, appelé Didyme. Une semaine s’est écoulée, et la nouvelle de la Résurrection du Christ a dû commencer à circuler dans la ville. Que les apôtres, la mort ignominieuse et si douloureuse de leur Maître sur une Croix quelques heures plus tôt peut quand même se comprendre plus ou moins. Désormais, ils ne disposent plus du seul témoignage des femmes, dont on sait qu’à l’époque elles n’étaient pas qualifiées pour témoigner. Ils ont vu eux-mêmes le Christ ressuscité, tous les dix. Eh bien ! cela ne suffit pas pour convaincre Thomas. Il est plus que têtu, il n’a pas l’humilité de reconnaître qu’il peut se tromper : seul contre tous les autres, unanimes ! Il faut donc que Jésus revienne et l’admoneste gentiment : « Ne sois plus incrédule, mais croyant » (Jean 20, 27). (lire la suite)
Ils recevront encore l’Esprit Saint au jour de la Pentecôte. Et, à partir de ce jour-là, ils ne cesseront de proclamer : « C’est ce Jésus que Dieu a ressuscité : nous en sommes témoins » (Actes 2, 32). « Nous, nous prêchons un Christ mis en Croix, scandale pour les Juifs, folie pour les païens » (1 Corinthiens 1, 23), qui est vivant, désormais assis à la droite de Dieu (Colossiens 3, 1), où il intercède pour nous.

(fin)

L’incrédulité face à la Résurrection (1)


L’incrédulité face à la Résurrection (1)

« Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » Luc 24, 5), « celui qui vit » et qui peut dire : « J’ai connu la mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles » (Apocalypse 1, 18). « Il n’est pas ici : il est ressuscité » (Luc 26, 4). Les « deux hommes en vêtements éblouissants » (Luc 24, 5) qui s’adressent aux saintes femmes, « Marie la Magdaléenne, Jeanne et Marie mère de Jacques » (Luc 24, 10), ainsi que « les autres femmes qui étaient avec elles » (Luc 24, 10), à savoir Salomé (Marc 15, 40), Suzanne (Luc 8, 3), etc., ces deux anges leur annoncent la bonne nouvelle, la nouvelle inouïe, en avant-première.
Et pour qu’elles ne doutent pas, ils précisent : (lire la suite) « Souvenez-vous qu’il vous a déclaré, étant encore en Galilée, et parlant du Fils de l’homme, qu’il devait être livré aux mains des pécheurs, être crucifié et ressusciter le troisième jour » (Luc 24, 7). Jésus avait fait cette annonce à ses disciples en termes non équivoques, à trois reprises au moins, et en termes voilés dans d’autres circonstances.
Ce n’est pas qu’ils l’aient entendu sans y accorder aucune importance. Bien au contraire. La preuve en est qu’ils en avaient parlé autour d’eux, aux autres disciples et aux saintes femmes, qui étaient donc au courant de ce qui devait arriver au Maître. Plus encore, l’annonce faite aux apôtres ne demeure pas confinée dans ce petit groupe. Il est difficile de garder un secret pour soi, d’observer le silence. Plus Jésus imposait le silence, et plus les gens parlaient (cf. Marc 1, 44)…
En tout cas, les grands prêtres et les pharisiens, eux, ont bien enregistré le dit du Christ et prennent cette annonce au sérieux. Pour eux, la révélation a été indirecte. Mais ils ont apparemment bien compris – une fois n’est pas coutume – l’allusion au séjour de Jonas trois jours et trois nuits dans le ventre du cétacé (Matthieu 12, 40).
Ils ne croient certes pas à la Résurrection. Mais ils ne sont quand même pas rassurés. Aussi, « le lendemain », ils « s’assemblèrent et allèrent trouver Pilate. « Seigneur, lui dirent-ils, nous nous sommes rappelés que cet imposteur a dit, quand il vivait encore : Trois jours après je ressusciterai. Donne donc des ordres pour que la tombe soit bien fermée jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples viennent le dérober et ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette imposture serait pire que la première » (Matthieu 27, 62-64). S’ils connaissaient l’état d’esprit des apôtres et s’ils les voyaient terrés dans le Cénacle et atterrés, ils n’auraient pas lieu de craindre quoi que ce soit… Ils pourraient, au contraire, se réjouir et crier victoire.
Mais ils n’ont pas oublié que Jésus a parlé de sa Résurrection. Ils n’ont pas été sourds à sa prédication. A la différence des apôtres, ce qui est un comble tout de même !

(à suivre…)

vendredi 2 décembre 2011

Variations sur les fruits et légumes


Variations sur les fruits et légumes

Il en avait gros sur la patate. Ce film, « les oranges mécaniques », était un vrai navet. Mince comme une asperge, il ramène sa fraise à tout bout ce champ. Il est plein d’oseille, aussi se paye-t-il un canard à l’orange. Mais moi, je lui dis ses quatre vérités entre la poire et le fromage : tu conte trop fleurette du fait de ton cœur d’artichaut. À trop ramener ta fraise, tu vas prendre une châtaigne. Et tu vas glisser sur une peau de banane. D’accord, l’autre est un cornichon, il n’empêche que c’est un choux d’enfant. Il se trouve, de plus, qu’il est dans la purée. Si tu l’aidais, cela mettrait du beurre dans les épinards. Autrement, à ne pas avoir un radis, il va tomber dans les pommes et bientôt sucrer les fraises.. (lire la suite)

- Ma pomme ! N’en fais pas toute une salade, me répond-il, ce n’est pas la fin des haricots tout de même. Je peux lui donner un pois pour une fève, car, il est vrai, il me tire une carotte de temps à autre. Il me prendre pour une grosse légume. T’inquiète, je ne vais pas le presser comme un citron. On peut toujours couper la poire en deux. Je lui donne des choux à la crème et du beurre noisette. Avoue que c’est quand même une courge. Il pourrait au moins faire le poireau et gagner quelques sous. Mais il me répond : « Des prunes ! »

- Oh ! la la, quelle salade ! En attendant, il est jaune comme un citron.

- Eh bien ! Qu’il aille dans la vigne du Seigneur.

lundi 28 novembre 2011

Variations sur les animaux



Variations sur les animaux

Il dort comme un loir, à côté d’un ramassis de rossignols, et, comme c’est une tête de linotte, il est le dindon de la farce qu’une peau de vache publie à la une du canard local à la barbe des poulets. Le ver est dans le fruit, on peut le dire. Le voilà bouc-émissaire. À vrai dire, il est un peu bécasse, malgré son œil d’aigle. Mais il tombe toujours dans la gueule du loup et dans la souricière. On lui donne de la roupie de sansonnet, et il est pigeon. Qui va soulever le lièvre ? Il peut pousser ensuite des cris d’orfraie ou verser des larmes de crocodile, le miroir aux alouettes a joué son rôle. Il méprise leur caca d’oie et se dit que la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, mais il se donne un mal de chien à travailler comme une fourmi : cela finira par lui mettre une araignée au plafond. L’homme est un loup pour l’homme. (lire la suite)
Il est tantôt bourru comme un ours ou bavard comme une pie. Et quand il pleut comme vache qui pisse, il envoie une colombe de la paix. Sa démarche de félin, même par temps de chien, lui fait se sentir comme un poisson dans l’eau. Et pourtant, c’est un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Il sait avoir une langue de vipère. Et quand il fait un froid de canard, il attrape une fièvre de cheval. Parfois morose comme un vieux hibou, il peut parler comme une perruche, faire le pied de grue indéfiniment et se fondre dans le paysage, tel un caméléon.
On se demande qu’elle mouche l’a piqué de temps à autre de parler français comme une vache espagnole, de crier comme un putois et de faire le perroquet. Il n’y a pourtant pas de chats à fouetter s’il a un appétit d’oiseau.
Il porte une bouc, a un bec d’aigle et des yeux de lynx et marche en canard. Renard ou requin, avec son caractère de cochon, il monte facilement sur ses grands chevaux. Au fond, c’est une teigne, une peau de vache, un serpent caché sous les fleurs. Or, une hirondelle ne fait pas le printemps. Qui est-ce ? Je regarde par l’œil-de-bœuf et donne ma langue au chat. C’est quand même un drôle d’oiseau. Cela me donne des fourmis dans les jambes et finit en queue de poisson. Mais il n’y a pas de quoi faire d’une mouche un éléphant.

samedi 26 novembre 2011

Le fardeau léger (7)


Le fardeau léger (7)

Si vous venez à moi et vous convertissez ; alors « vous trouverez du soulagement pour votre être » (Matthieu 11, 29). Car vous pourrez vous reposer en moi, « contre mon sein » (Jean 13, 23). Mon Cœur Sacré et Miséricordieux est « le lieu du repos : laissez reposer celui qui est fatigué ; voici le lieu de délassement » (Isaïe 28, 12). Tel est le repos que je vous offre. Vous n’en trouverez pas de meilleur. Venez aux eaux rafraîchissantes, qui « jaillissent pour la vie éternelle » (Jean 4, 14) de mon Cœur transpercé. (lire la suite)
Là, vous apprendrez à aimer et à vous oublier vous-mêmes. Je prends toutes vos misères sur moi et vous m’entendrez demander à mon Père – il ne m’en coûte pas de le faire, mais avouez que c’est quand même grandiose : « Père, pardonne-leur – il s’agir de chacun de vous, car vous êtes tous présents à mon Cœur -, Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34).
Et si je vous invite à venir avec moi pour refaire vos forces, c’est que « mon joug est agréable et mon fardeau léger » (Matthieu 11, 30). Je pense que vous savez depuis le temps que nous nous connaissons que « l’amour de Dieu consiste à garder ses commandements. Et ses commandements ne sont pas écrasants » (1 Jean 5, 3).
Ils sont légers. Ils ont la légèreté de l’amour que vous mettez à les observer. N’est-il pas vrai que quand l’amour est présent, les efforts ne coûtent plus ? Ou est-ce que je me trompe ?

(fin)

vendredi 25 novembre 2011

Le fardeau léger (6)


Le fardeau léger (6)

Ne prenez pas peur parce que je vous menace de châtiments plus terribles les uns que les autres, dit Dieu. Je n’ai nullement envie de vous frapper à mort. Si je les annonce, c’est pour que vous vous convertissiez, pour que vous reveniez sur vous-mêmes, pour que vous réfléchissiez à votre conduite insensée et que vous reveniez à moi. Voyez mon prophète Jonas. Je l’ai envoyé proclamer : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite » (Jonas 3, 4). Mais j’ai dans le même temps ramolli le cœur de ses habitants, et ils se sont aussitôt repentis de leurs méfaits. Ce fut une surprise pour Jonas. Il n’en revenait pas. Il en a été même ulcéré et il m’a reproché l’échec de sa prédication, comme s’il avait souhaité la destruction de la ville. Vous êtes comme cela vous, les hommes. Votre cœur abrite des désirs de vengeance, parfois sous couvert de bons sentiments. (lire la suite) « Veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ? » (Luc 9, 54). Vous avez le sang chaud vous, les hommes.
J’ai essayé de lui faire comprendre que si lui avait eu pitié « du ricin pour lequel tu n’as pas peiné et que tu n’as pas fait croître et qui en une nuit a péri », comment « moi, je n’aurai pas pitié de Ninive, la grande ville, dans laquelle il y a plus de cent vingt mille hommes qui ne distinguent pas leur droite de leur gauche, et une multitude d’animaux » (Jonas 4, 11). Mais je ne suis pas sûr qu’il m’aie compris…
Il est pourtant bien connu de tous que « tantôt je menace une nation ou un royaume de renverser, d’abattre et de détruire. Mais cette nation, contre laquelle j’ai parlé, se convertit-elle de sa malice, je me repens du mal que je projetais de lui faire » (Jérémie 18, 76-8) et c’en est fini du malheur, avant même qu’il ait commencé. Je suis trop content de pardonner à tous mes enfants, un par un. C’en a fait cent-vingt mille d’un coup à Ninive. Vous imaginez ma joie. Et mon pauvre Jonas qui broie du noir… Vous êtes comme cela vous, les hommes, vindicatifs. S’il pouvait entendre la parabole du fils prodigue : « Il fallait festoyer et se réjouir, car ton frère que voici était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il a été retrouvé » (Luc 15, 39). Vous n’êtes pas bien nombreux à le comprendre.

(à suivre…)

jeudi 24 novembre 2011

Le fardeau léger (5)


Le fardeau léger (5)

« Je suis avec toi pour te sauver » (Jérémie 30, 11), nous dit le Seigneur. C’est bien pour cela que tu es venu sur notre terre, Seigneur, non pour condamner, comme dans les temps anciens, mais pour sauver, « non pour juger le monde, mais pour sauver le monde » (Jean 12, 47), et pour que nous ayons la vie en abondance : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, et qu'elles soient dans l'abondance » (Jean 10, 10). Tels sont tes sentiments de bonté et de miséricorde. « Je suis Dieu, moi, et non pas un homme » (Osée11, 9). « Si nous sommes infidèles, lui est fidèle » (2 Timothée 2, 13). (lire la suite)
Dieu pousse sa bonté et sa libéralité jusqu’à nous dire, parce qu’il agit en pure gratuité : « Ô vous tous qui avez soif, venez aux eaux, vous-mêmes qui n’avez pas d’argent, venez, achetez du blé et mangez ; venez, achetez sans argent, et sans payer, vin et lait. (…) Prêtez l’oreille et venez à moi, écoutez et que votre âme vive ; et je conclurai avec vous ne alliance éternelle » (Isaïe 55, 1.3). Il ne se lasse pas de nouer de nouvelles alliances chaque fois que les hommes la brisent : « Que de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes ! » (Matthieu 23, 37). Et pourtant, nous devons bien constater, avec une énorme reconnaissance, que « Le Seigneur, Le Seigneur, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, débordant de bonté et de fidélité » (Ézéchiel 34, 6), ce que l’Écriture ne cesse de répéter (cf. Nombres 9, 17 ; Psaume 86, 15 ;103, 8 ; 145, 83 ; Joël 2, 13 ; Jonas 4, 2 ; etc.). Voilà la réalité. Tel est notre Dieu. « Ce que j’ai dit, je l’ai dit. Et je sais ce que je dis », dit Dieu. Je suis doux et humble de cœur, et mon Cœur est rempli à votre égard de sentiments de paix et non d’affliction (cf. ), mais elles sont « bienveillantes pour celui qui marche avec droiture » (Michée 2, 7). Comme j’aimerais vous rassembler et que vous ne fassiez qu’un avec moi, comme mon Père ne fait qu’un avec moi et moi je ne fais qu’un avec mon Père ! (cf. Jean 17, 21). Car, je veux que là où je suis, vous y soyez vous aussi (cf. Jean 14, 2). C’est pour cela que je suis remonté auprès de mon Père, afin de vous préparer une place dans notre compagnie (cf. Jean 14, 1). « Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements, et revenez à Le Seigneur, votre Dieu, car il est aimable et compatissant, lent à la colère et riche de bonté, se repentant du mal qu’il inflige » (Joël 2, 13).

(à suivre…)

mercredi 23 novembre 2011

Le fardeau léger (4)


Le fardeau léger (4)

Renoncer à soi même représente un immense avantage. Non seulement parce que le Seigneur nous soulage et nous prend avec lui, ce qui est évidemment essentiel dans la perspective de l’éternité, mais aussi parce que cela nous simplifie singulièrement la vie. Le « moi » est la principale source de complication, d’inquiétude et de manque de paix. Outre qu’il suppose une perte de temps incroyable. Et tuer ainsi son temps stupidement risque aussi de revenir à tuer une éternité de bonheur incommensurable (cf. saint Josémaria, « Ce trésor qu’est le temps », Amis de Dieu, nos 38-54). (lire la suite)
Le Seigneur nous lance aussi l’invitation suivante : « Mettez-vous à mon école » (Matthieu 11, 29). C’est normal, car il est le Maître. C’est avec ce titre que bien des gens s’adressent à lui : « Rabbi, ce qui en traduisant se dit « Maître », où demeures-tu ? » (Jean 1, 38). « Rabbi, c’est de la part de Dieu, nous le savons, que tu es venu » (Jean 3, 2), lui dit Nicodème en guise d’entrée en matière. Et lui-même reprend ce titre à son compte : « Vous m’appelez le « Maître » et le « Seigneur », et vous dites juste : je le suis en effet » (Jean 13, 13). Il est donc logique que nous apprenions de lui, que nous adoptions l’attitude de Marie, la sœur de Lazare, « qui s’était assise aux pieds du Seigneur et l’écoutait parler » (Luc 10, 39) et prononcer des « paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68).
Se mettre à l’école de notre Seigneur, c’est chercher à avoir les sentiments que son Cœur héberge : « Ayez entre vous les sentiments qui étaient ceux du Christ Jésus » (Philippiens 2, 5). Et, pour le cas où nous aurions quelque doute, le Seigneur précise : « Je suis doux et humble de Cœur » (Matthieu 11, 29). Il est impressionnant d’entendre Dieu parler de son humilité, lui le Tout-Puissant ! « Bien qu’il fut de condition divine, il n’a pas tenu pour une proie son égalité avec Dieu ; au contraire, il s’est dépouillé en prenant la condition d’esclave, en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2, 6-7), et « lui qui était riche, il s’est fait pauvre pour vous, afin de vous enrichir de sa pauvreté » (2 Corinthiens 8, 9). C’est admirable ! Mais à imiter. Nous sommes invités à nous mettre à l’école du Maître et non à le regarder de loin, comme un spectateur, un badaud qui, au fond, n’est pas concerné par ce qui se passe et se contente de satisfaire une curiosité superficielle, afin d’avoir quelque chose à raconter et de pouvoir jouer à l’intéressant…

(à suivre…)

mardi 22 novembre 2011

Le fardeau léger (3)


Le fardeau léger (3)

Réciproquement, Seigneur, si je te connais réellement tel que tu es, je t’aime nécessairement, et je sais qu’en toi se trouvent le pardon et le repos de l’âme. Je sais que tu es patient et miséricordieux. Tu es le « Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité » (Exode 34, 7). Je sais que, fondamentalement, tu es bon, la Bonté même : « Goûtez et voyez combien Le Seigneur est bon ! Heureux l'homme qui met en lui son refuge ! » (Psaume 34, 9).
C’est cette Bonté qui t’amène à lancer ton invitation : « Venez à moi, vous tous qui peinez », car tu entends prendre sur toi le fardeau de nos péchés, que nous avons déposé sur tes épaules dans la confession, et nous en soulager ainsi (cf. Matthieu 11, 28). (lire la suite)
Mais tu ne t’arrêtes pas là, car tu ajoutes : « Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école : je suis doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29). « Confiez-vous en Le Seigneur, à jamais ; car Le Seigneur est un rocher éternel » (Isaïe 26, 4). Quelle grande vérité ! Quelle assurance elle nous communique ! « Venez à moi » et « prenez sur vous mon joug ». La première partie est séduisante. La seconde nous fait hésiter quelque peu… Nous n’avons pas envie de nous assujettir à quoi que ce soit ni à qui que ce soit. Nous voulons être libres de nos mouvements, plus encore de nos décisions.
Heureusement, j’entends le même Jésus nous assurer : « La vérité vous rendra libres » (Jean 8, 33), et aussi : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6). Nous n’avons donc rien à craindre en optant pour Dieu. Prendre le parti de Dieu, c’est obtenir la vraie liberté des enfants de Dieu. Mais il faut quand même prendre le joug du Seigneur… Il nous a précisé ce qu’il entend par là : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même ; qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Luc 9, 23). Tel est le joug auquel il faut nous soumettre. Il n’est autre que participer à la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est l’instrument de la véritable libération de l’homme, la libération des chaînes du péché. le Christ est la Voie, parce qu’il est la Vérité et que la Vérité assure la liberté.
Prendre le joug du Christ signifie donc renoncer à nous-mêmes. Ce poids sous lequel nous ployons est celui de nos misères personnelles, qui se manifestent précisément par le fait de nous mettre en valeur, de nous accorder de l’importance, d’agir pour des motifs humains, de laisser le « vieil homme » (Romains 6, 5) nous imposer sa loi. C’est cela qui nous fatigue ; non de suivre le Christ. Parce qu’il est le « Prince de la Paix » (Isaïe 9, 5). Quand nous le suivons, nous sommes dans la paix : « Je vous laisse ma paix ; c’et ma paix à moi que je vous donne » (Jean 14, 27). « Paix à vous ! » (Jean 20, 19). Telle est la salutation du Seigneur, la salutation essentielle, la salutation chrétienne.

(à suivre…)

lundi 21 novembre 2011

Le fardeau léger (2)


Le fardeau léger (2)

« Je vous soulagerai… » C’est bien ce qui se produit. Quel soulagement une fois que l’on s’est confessé ! Quelle paix de se savoir réellement pardonné, parce qu’aimé ! Quelle joie, qui inonde le cœur et le rend aérien ! Quelle légèreté dans la démarche désormais libérée de tous les boulets qui l’entravaient ! Quel bonheur l’on ressent d’avoir un tel Père, si compatissant, au Cœur si magnanime !
« Le Seigneur tient fidèlement toutes ses paroles, et sa sainteté apparaît dans toutes ses œuvres. (lire la suite) Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, et il redresse tous ceux qui sont courbés » (Psaume 145, 13-14). Je sais par expérience que, « quand je dis : « Mon pied chancelle ! » ta bonté, ô Le Seigneur, me soutient » (Psaume 94, 18). C’est pourquoi « les yeux de tous se tournent vers toi avec espoir » (Psaume 145, 15).
« Je vous soulagerai… » Et tu tiens ta promesse. Comment pourrait-il en aller autrement de la part du Seigneur ? Tout doute en la matière serait un péché ! N’as-tu pas dit aussi, par la bouche du prophète : « J’abreuverai l’âme altérée, et je comblerai l’âme languissante » (Jérémie 31, 25), « car je suis un père pour Israël » ( Jérémie 31, 9) ?
Nous venons à toi, l’âme en peine, dans le sacrement de la réconciliation, et nous en repartons l’âme en joie, parce que, au lieu de nous envoyer au cachot, tu as organisé un festin magnifique, des réjouissances célestes pour mon âme qui n’en demandait pas tant. Parce que tu as agi avec une largesse extraordinaire. J’aspirais seulement au pardon. Je savais que je l’obtiendrais. Et cela me paraissait suffisant. Pour le reste, « je ne suis plus digne d’être regardé comme ton fils, fais de moi l’un de tes serviteurs » (Luc 15, 19). Et toi, tu fais celui qui n’a pas entendu ou n’a pas compris. Et tu dis à tes serviteurs, les vrais, eux qui sont restés fidèles à leur place : « Vite, apportez la meilleure robe et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds – j’étais devenu un va-nu-pieds – et amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et festoyons » (Luc 15, 22-23). Il n’existe pas de soulagement possible meilleur que celui-là : se mettre à table avec son Père, partager le repas avec Lui, vivre dans son intimité.
Mais il doit y avoir la démarche préalable de l’homme : « Venez à moi. » Il est nécessaire que l’homme se mette résolument en marche vers son Seigneur, se porte à sa rencontre ; qu’il ressente le besoin de Dieu, sans qui nous ne pouvons rien faire (cf. Jean 15, 5). Une démarche d’humilité est requise, par laquelle nous nous reconnaissons pécheurs. Mais plus encore, c’est une question d’amour, de réponse d’amour à l’Amour de Dieu, à Dieu tout court ; car « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16). Or, « l’amour vient de Dieu, plus quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4, 7).

(à suivre…)

dimanche 20 novembre 2011

Le fardeau léger (1)


Le fardeau léger (1)

« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai » (Matthieu 11, 28). Nous sentons battre le Cœur du Christ, qui nous porte une immense affection, qui nous aime d’un Amour fou. Il sait combien notre vie peut être dure, il en connaît les aspérités : « Désormais, tu mangeras ton pain à la sueur de ton front » (Genèse 3, ). Il partage notre vie en tant qu’homme, il parcourt les chemins de Palestine, et partant il découvre la misère humaine ainsi que la mesquinerie du cœur des hommes, son endurcissement. Il en est profondément peiné : « après avoir promené son regard sur eux avec colère, contristé de l'endurcissement de leur cœur, il dit à l'homme : « Étends la main. » Il l'étendit, et sa main redevint saine » (Marc 3, 5). (lire la suite)
Il voudrait tant nous venir en aide. C’est pour cela qu’il s’est incarné. « Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Marc 2, 17). « Quand il débarqua, il vit une grande foule, et en eut compassion » (Matthieu 14, 14) parce qu’elles étaient « comme des brebis sans pasteur » (Marc 6, 34). Et lui, il est venu pour nous soulager dans nos épreuves. Nous sommes souvent fatigués et las. Nous ployons sous le poids non tant des occupations diverses, car nous savons nous reposer et nous divertir et nous y prenons plaisir, que de nos péchés. Nous les acceptons, nous les recherchons, nous nous y délectons un moment, mais après ils nous laissent un goût amer dans la bouche. Ils nous brisent le cœur. Ils affaiblissent de plus en plus notre capacité à aimer.
C’est là vraiment le fardeau qui nous fait ployer. Car il s’alourdit de jour en jour, pour ne pas dire d’heure en heure. Et le moment arrive où l’on n’en peut plus et où l’on risque de se laisser complètement aller. C’est la « descente aux enfers ». « Venez à moi et je vous soulagerai… » Oui, il faut revenir vers le Seigneur fréquemment. Pour lui montrer nos misères et l’appeler au secours, comme quand « se jetaient sur lui pour le toucher tous ceux qui avaient quelque infirmité » (Marc 3, 10). Il faut aller à lui avec le même empressement, avec un identique espoir d’obtenir notre guérison. Présentons-lui nos péchés sans fard ni fausse honte dans le sacrement de la réconciliation. C’est vraiment à ce tribunal de miséricorde qu’il nous soulage, parce qu’il nous pardonne, parce qu’il nous absout de nos péchés, de tous nos péchés, même les plus sordides et les plus exécrables, à partir du moment où nous les avons avoués avec une sincère contrition et le ferme désir de ne plus les commettre à l’avenir, avec l’aide de la sainte grâce de Dieu.

(à suivre…)

samedi 19 novembre 2011

Pourquoi moi ? (3)


>Pourquoi moi ? (3)

Pourquoi moi ? Au fond, ce n’est pas la bonne question. Celle que nous devons nous poser, à partir du moment où le Seigneur nous a invités à travailler pour lui : « Allez, vous aussi, à ma vigne » (Matthieu 20, 17), est la suivante : « Est-ce que je réponds correctement à l’attente du Maître, en prenant les moyens humains et surnaturels qui me permettent d’être à la hauteur des circonstances ? » C’est-à-dire que nous n’avons pas à nous questionner sur le pourquoi, mais sur le comment ; non sur l’initiative de Dieu, que nous acceptons avec humilité parce que nous n’en sommes pas dignes, mais sur la qualité de notre réponse à la grâce et à la vocation. Certes, nous sommes conscients que nous ne serons jamais pleinement à la hauteur voulue. Rappelons-nous cependant que le Christ a dit, à l’adresse de tous : « Soyez saints comme votre Père céleste est saint » (Matthieu 5, 48). (lire la suite)
C’est là une parole sur laquelle nul ne peut revenir. C’est une affirmation qui nous engage résolument et définitivement sur la voie d’un amour opératif de Dieu. C’est là une annonce qui doit retentir en permanence au fond de notre cœur, nous émouvoir et nous mouvoir à l’action. « Tu es mon fils : moi-même aujourd’hui je t’ai engendré » (Psaume 2, 7). Voilà ce que le Seigneur nous dit. Cela devrait nous donner sérénité et confiance en l’avenir et des ailes pour partir à la poursuite de l’Amour ; qui ne se trouve pas seulement à l’horizon de notre existence, mais qui est déjà présent et actif dans notre âme : « N’avions-nous pas le cœur tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, nous expliquant les Écritures ? » (Luc 24, 32). Oui, notre cœur n’est-il pas enflammé d’Amour parce qu’il nous a appelés ?

(fin)

vendredi 18 novembre 2011

Pourquoi moi ? (2)


Pourquoi moi ? (2)

Cette question, nous pouvons la poser nous aussi au Seigneur : « Pourquoi moi ? Pourquoi m’as-tu accordé le don de la foi au baptême ? » Question qui se double parfois de celle-ci : « Pourquoi m’as-tu appelé, moi, à te suivre de plus près, par un engagement spécifique de rechercher activement la sainteté et de faire de l’apostolat ? » Dans notre monde actuel, il se trouve aussi tellement de gens plus savants ou placés à des postes de commande de la société, disposant des moyens de communication sociale et donc capables de répandre le message de l’Évangile à haute dose en touchant les masses. Mais c’est à moi, comme « à l’avorton » (1 Corinthiens 15, 8) que tu as fait appel. « Considérez en effet, frères, ce que représente votre appel : (lire la suite) pas de sages selon la chair, pas de gens puissants, peu de nobles de naissance. Mais ce qui est fou pour le monde, c’est ce que Dieu a choisi pour la confusion des sages ; et ce qui est faible pour le monde, c’est ce que Dieu a choisi pour la confusion de la force ; et ce qui pour le monde est sans naissance et méprisable, c’est ce que Dieu a choisi ; il a choisi ce qui n’est pas ; pour réduire à néant ce qui est » (1 Corinthiens 1, 26-28). Ce à quoi Paul ajoute une précision, qui donne raison de cette façon surprenante d’agir de Dieu : « Afin que nul ne se glorifie devant Dieu » (1 Corinthiens 1, 29). Car le trésor de la foi et de la grâce, « nous le tenons dans des vases de terre pour qu’il apparaisse que cette puissance débordante appartient à Dieu et ne vient pas de nous » (2 Corinthiens 4, 7).
La mission qui nous incombe d’accomplir un commandement divin, nous sommes bien incapables de la mener à bien par nous-mêmes, car nous sommes nécessairement des instruments inadaptés. « C’est que sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5), dit le Seigneur. « Très volontiers je me glorifierai surtout dans ma faiblesse, afin que la force du Christ repose sur moi » (2 Corinthiens 12, 9).
Pourquoi moi ? La question n’a plus de sens si nous nous plaçons dans ce contexte objectif et surnaturel du choix de Dieu – qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper -, choix qui s’accompagne toujours des grâces appropriées nous permettant de porter notre charge et de remplir la mission évangélisatrice dans la portion du troupeau de Dieu qui nous est confiée. N’oublions jamais cette affirmation particulièrement profonde de saint Thomas d’Aquin.

(à suivre…)